Constat n Les maquignons, qui craignaient le spectre de la sécheresse, commencent, à la faveur des dernières pluies, à percevoir l'Aïd comme une belle opportunité pour réaliser de grosses affaires. Après avoir connu une dégringolade remarquable durant le ramadan et ces derniers mois en raison de la sécheresse et la menace de l'épidémie de la blue tongue, les prix du cheptel ont connu une hausse considérable à l'approche de la fête du sacrifice. Les éleveurs tentent de récupérer, un tant soit peu, les grandes sommes dépensées pour l'alimentation de leur bétail durant les quatre mois de sécheresse ayant touché le pays en augmentant le prix du mouton. «Il est vrai que si la sécheresse avait persisté, j'aurais été contraint de baisser le prix au maximum afin d'écouler ces moutons et, de ce fait, éviter d'autres dépenses. Puisque la pluie est de retour, je ne vais pas me précipiter à les brader et au pire des cas je les laisserai engraisser pour l'été», témoigne cet éleveur rencontré près de la nouvelle mosquée de Baba Hassen et qui exposait une quarantaine de béliers dont les prix oscillaient entre 22 000 et 35 000 DA. Le spectre de la sécheresse s'étant éloigné, les éleveurs ont repris espoir en ne vendant pas leur cheptel à des prix trop bas et préfèrent pratiquer la rétention. Notre interlocuteur estime que ces prix sont raisonnables par rapport aux frais de l'élevage, notamment la rareté et la cherté des aliments du bétail (orge, maïs, son...). La botte de foin de 20 à 25 kilos a atteint, intervient un autre vendeur, 800 DA, alors qu'elle se vendait à 450 DA en été. Des petites bottes de 4 à 5 kilos, utilisées pour alimenter les moutons le temps de les transporter d'un lieu à un autre ou éventuellement pour ceux qui achètent le mouton deux ou trois jours avant l'Aïd, coûtent pas moins de 60 DA. La sécheresse a, ainsi, rendu l'alimentation du bétail trop cher et les éleveurs ont été contraints de se rabattre sur les denrées réservées principalement aux volailles qui ont également atteint des prix exorbitants. Et comme chaque année, l'entrée en lice des spéculateurs ne fait qu'aggraver la situation. Ces derniers profitent de toutes les occasions pour s'enrichir sur le dos du simple citoyen pris entre le marteau de la cherté et l'enclume des considérations d'ordre religieux et social. «J'achète le mouton pour faire plaisir à mes enfants qui insistent sur ce point depuis quelques jours déjà et attendent chaque soir mon retour. J'ai été obligé de recourir à un prêt pour les satisfaire. Sinon un smicard peut-il se permettre un mouton à 18 000 DA ? » souligne Djaâfar, un père de famille. Le constat est le même dans les différents points de vente que nous avons visités à Alger (aux bords des routes ou dans des garages aménagés à cet effet au rez-de-chaussée des bâtiments) où des pères de famille font plusieurs points de vente avant de prendre la décision et demandent des réductions aux vendeurs espérant arracher quelques sous en moins pour pallier les autres besoins, ô combien multiples ! Certains Algérois se déplacent, quant à eux, dans d'autres marchés tels que ceux de Sidi Aïssa, Bouira, Cherchell…, dans l'espoir d'acquérir le mouton à un moindre coût.