Résumé de la 3e partie n Les six frères furent chassés par leur oncle qui voulait, pour la circonstance, célébrer par une grande fête la bravoure de «moitié d'homme». Les six indésirables, qui entendirent de loin les accents de la fête, ne furent que plus haineux à l'égard de leur frère qu'ils savaient à présent couvert de gloire. Nous devons le tuer, dirent-ils ; car il nous a déshonorés devant notre oncle et nos cousines. En outre, que penserait de nous notre père s'il venait à apprendre que cet avorton a été plus valeureux que nous. Après la fête, moitié d'homme chargea sur plusieurs mules les présents de son oncle et repartit vers son pays. Or, sur la route, près d'un puits, ses frères l'attendaient de pied ferme. Plus forts que lui, ils l'arrêtèrent et le jetèrent au fond du puits. lIs s'approprièrent ensuite ses mules et s'en allèrent. Dans le puits, moitié d'homme ne perdit pas espoir. Il se maintint hors de l'eau comme il put et attendit. Or, le soir même, un cavalier arriva au puits. Comme il voulait donner à boire à son cheval et se rafraîchir lui-même, il mit pied à terre et jeta dans le puits un seau au bout d'une corde. Moitié d'homme, qui était léger comme un fétu de paille, prit place dans le seau, et l'homme, qui croyait remonter de l'eau, le retira. Moitié d'homme raconta son histoire et le cavalier le prit en croupe. Lorsqu'il arriva au palais de son père, il tomba en pleine liesse : on fêtait le glorieux retour des six poltrons. Nul, en effet, ne se doutait de la vérité. Tandis que les mères des six garçons exultaient de fierté, la sienne, au contraire, semblait infiniment triste. Elle croyait son fils mort et son chagrin était profond. Bousculant tout le monde sur son passage, moitié d'homme alla droit à son père. D'une traite, il lui raconta son histoire, dénonçant la couardise et la félonie de ses frères. Pour convaincre son père, il ouvrit sa gibecière et lui montra les doigts et les lobes d'oreille qu'ils lui avaient donnés en échange des pommes de senteur et du lait de la lionne. Le sultan, qui n'en croyait pas ses yeux, appela ses fils et leur demanda de lui montrer leurs mains et leurs oreilles. Quelle ne fut pas alors sa stupeur en constatant qu'à chacun d'eux manquaient effectivement un petit doigt et un lobe d'oreille ! Il entra dans un courroux terrible et les fouetta. Vous m'avez trompé. Je vous croyais vaillants et vous n'êtes que des incapables et des lâches. Je vous chasse de mon royaume, vous et les chiennes de femmes qui vous ont donné le jour. Et c'est ainsi que moitié d'homme et sa mère, si longtemps méprisés, devinrent les êtres les plus chers au sultan. Le garçon épousa bientôt sa cousine et apprit à seconder son père dans les affaires du royaume. Quand celui-ci mourut de vieillesse, moitié d'homme lui succéda sur le trône.