Résumé de la 5e partie n Le psychiatre dépeint le caractère du tueur. Il s'agit d'un jeune homme frustré manquant d'affection maternelle. Vous doutez... Vous avez raison. Je vous rappelle que je joue sur la loi des probabilités. Je n'affirme pas que le tueur est tel que je le décris. Je dis qu'il y a des possibilités pour qu'il ressemble à ce portrait... — Vous pouvez m'en dire plus ? — Oui... par exemple : disons que, jusqu'à la crise, l'enfant a été lié si étroitement à sa mère, si retranché du monde, que je ne le vois pas comme une forte tête à l'école, ou ailleurs. Je doute même qu'il ait jamais commis un écart de conduite. Il n'en a pas la malice. Vous ne le trouverez pas dans les délinquants juvéniles ou les écoliers à problèmes. — Et l'inscription ? S'il est asexué à ce point, comment a-t-il pu écrire une chose pareille ? — Une manière à lui de dire tout simplement : je me fous de vous. C'est encore un gosse émotionnellement, tel que je l'imagine. Quel que soit son âge réel, il n'est pas pubère. Ecrire des mots dégoûtants sur ce sac c'est la manière la plus vigoureuse qu'il a trouvée pour dire : «Maman, va au diable !» Vous comprenez ? Ce n'est qu'une expression grivoise qu'il a entendue à l'école... — Mais alors où chercher ce gosse, docteur ? Le pauvre Mac Carthy veut bien tout entendre dans le domaine de la psychologie, de la psychanalyse mais lui, il cherche un assassin. Où le chercher ? C'est la question essentielle. — Je vous ai dit qu'il ne s'éloignait jamais beaucoup de chez lui. Il doit habiter pas loin des lieux du crime. Faites aussi le tour des dermatologues du quartier. S'il a beaucoup d'acné, sa mère a pu l'envoyer chez un spécialiste. Cherchez aussi du côté de l'école secondaire locale. Faites-vous une liste des garçons qui ressemblent à ce portrait. Pas de chahuteurs surtout. Des nullités. Il y a autre chose aussi. Je vois assez cet enfant ressentir la nécessité de rendre public ce qu'il a fait. C'est probablement le premier acte important qu'il ait accompli de son propre chef. Il doit se dire en ce moment : «Mon garçon, si le paternel se croit fort regarde-toi… t'as fait plus fort.» Il n'est pas mûr, rappelez-vous cela. Il éprouve un besoin infantile de se faire valoir, sans en comprendre les conséquences pour lui. Par exemple se vanter devant ses amis, s'il en a... ou alors recommencer à écrire sur les murs. Surveillez les environs, cherchez les graffiti révélateurs sur les murs... C'est à peu près tout, capitaine. Souvenez-vous qu'il s'agit d'une mosaïque de probabilités... bonne chance... — Bonnes vacances, docteur. La Jamaïque. Le soleil. Et New York en hiver, et le chef au téléphone qui réclame encore et toujours des résultats. Un cheveu, une puce, un clou, n'importe quoi. — Alors, Mac Carthy, j'écoute ? — Oui, chef. Le suspect est un adolescent de moins de vingt ans, il ne mesure pas plus d'un mètre cinquante-cinq, cinquante kilos, de l'acné, il est schizo, solitaire, sans copains, pas de vie sexuelle. Il habite pas loin de la rue du crime. Mauvais élève, pas chahuteur mais nul. Il n'a pas pu aller plus loin que garçon de bureau. (à suivre...)