Procédure n Une centaine de témoins doivent être entendus lors de ce procès qui devrait durer plusieurs semaines, selon certains avocats. C'est à 10h passées, ce lundi matin, que le procès a débuté devant le tribunal criminel de Blida. Présidant le tribunal, Fetiha Ibrahimi, assistée par deux assesseurs, a entamé la procédure par l'appel des 104 inculpés qui devaient décliner leur identité et d'éventuels antécédents judiciaires. A 10h 30, elle était à peine à mi-parcours des appels. Dans le box des accusés à gauche de la présidente du tribunal, se tenaient les 35 personnes sous contrôle judiciaire alors que celles laissées en liberté provisoire et les témoins ont pris place dans les douze rangées de la salle. Deux heures auparavant, et aux environs de 8 heures, la ville des Roses n'offrait nullement l'image d'une ville vivant un événement exceptionnel. Les gens vaquaient paisiblement à leurs occupations. Rien n'indiquait qu'un grand procès allait se tenir, le deuxième en envergure vécu par la ville après celui de l'affaire dite «Ouricha». Mais en remontant le long de l'avenue du 11-Décembre-1960, où se trouve le tribunal, on a eu droit à une ambiance plutôt électrique qui ne laissait pas indifférente la foule. La circulation était dense. Les véhicules roulaient lentement, les agents de la circulation usaient de leurs sifflets à volonté et nous avons souffert pour atteindre le tribunal. Le stationnement était évidemment formellement interdit. Devant l'enceinte régnait un silence de cimetière. Là, un grand nombre de personnes, entre avocats, familles des accusés, simples curieux et policiers en civil, se sont rassemblées, chuchotant entre eux et en attendant patiemment l'ouverture de la porte principale. Les vieilles femmes, convocations en main, pour d'autres affaires mineures celles-ci, sont poussées vers la sortie, on leur a demandé de revenir l'après-midi, car la matinée est réservée à l'affaire Khalifa. Les parents des accusés appelés à suivre le procès attendaient dans un froid glacial. Ils étaient là depuis l'aube. En face du tribunal, un café populaire bondé de monde. Renseignement pris, les clients, qui sirotaient café et thé, ne sont que le collectif des avocats et des magistrats. L'heureux propriétaire du café nous fera une confidence : «Je n'ai jamais travaillé comme aujourd'hui.» Le buraliste du coin est également pris d'assaut. Car à la une de tous les journaux on ne parle que de cette affaire. Ce n'est que vers 8h 45 qu'on a ouvert la porte officielle, celle-ci est cependant trop exiguë pour un public trop nombreux qu'on mettra une éternité à faire passer. On rentrait un à un, comme dans un match de rugby et on hâtait le pas pour passer une seconde épreuve, celle des formalités d'usage. Les policiers en uniforme et en civil veillaient au grain . l Les avocats approchés ce matin sur les lieux sont unanimes sur le scénario du report. Ainsi, selon Me Ksentini, on s'achemine inéluctablement vers un report du procès Khalifa, vu l'envergure de cette affaire et sa complication. Selon lui, si les petites affaires sont reportées comment pourrait-il en être autrement d'une affaire comme celle de Khalifa ? Pour sa part, Me Houadjli a expliqué que le report dépend entièrement de la décision du président de la cour. Mais, selon lui, l'affaire sera certainement reportée. Pour Me Belhadi, la grande majorité des accusés dans cette affaire serait relaxée car, selon lui, toujours dans les affaires renvoyées, une grande partie des convoqués est relaxée.