Résumé de la 1re partie n Une odeur nauséabonde agresse les narines de Rosa. Cela provient de sa voiture. Elle décide, tout de même, de la prendre pour rejoindre son travail. Clac fait la portière du côté gauche, et clac du droit, vitres ouvertes elle démarre en trombe. Rouler plus vite pour faire plus vite rentrer de l'air dans la coccinelle transformée en boîte de conserve de jus d'ail. Rosa fonce vers la pharmacie où elle travaille comme préparatrice stagiaire. Mais elle se demande si elle tiendra le coup jusque-là... Elle a des nausées, l'odeur est toujours forte malgré le déodorant, tenace, vireuse asphyxiante. Et il y a des embouteillages interminables. Elle en pleure, car ses yeux brûlent, comme si le relent d'ail pénétrait directement dans ses yeux et dans ses narines. Le cœur soulevé, à la limite du vomissement, Rosa se décide à s'arrêter dans un garage station-service. Elle sort de la voiture comme un diable de sa boîte, et hèle le garagiste : — Vous pouvez nettoyer ma voiture, s'il vous plaît ? L'homme fait signe à un jeune employé blond en combinaison orange : — Le garçon va s'occuper de ça... mais je vous préviens, on est débordés… Vous pourriez pas repasser ? Tout en parlant, le garagiste s'est approché, et se pince le nez avec dégoût. — Qu'est-ce qu'il y a eu là-dedans ? Le garçon en combinaison fait lui aussi la grimace. Rosa lève les bras en signe d'incompréhension : — Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé. Il faut surtout nettoyer l'intérieur... Elle était garée pour le week-end, fermée, rien dedans... Je n'y comprends rien, mais c'est intenable, vous pouvez la prendre tout de suite, s'il vous plaît ? — Maintenant que vous êtes là, dit le garagiste, j'ai intérêt... Elle finirait par empuantir tout mon garage. Allez, Martin, au boulot, débarrasse-nous de cette pourriture avant que les clients n'arrivent. Martin Zeiger, quinze ans, apprenti, monte dans la coccinelle avec dégoût, tandis que Rosa court vers sa pharmacie, à pied, heureuse de renifler, pour une fois, le gaz carbonique des pots d'échappement. Au garage, la journée de Martin l'apprenti est longue. Entre le nettoyage de la coccinelle et les odeurs d'essence, de graisse, de pétrole, il est tout barbouillé. En rentrant chez lui, il est très pâle, le visage défait, les yeux rouges. Sa mère s'en inquiète aussitôt : — Tu es malade ? Qu'est-ce qu'il y a ? Où as-tu mal, tu as de la fièvre ? — Je sais pas, j'ai envie de vomir, regarde mes bras... Il retrousse ses manches pour faire voir d'énormes taches rouges qui commencent aux poignets et montent jusqu'aux épaules. Le médecin de famille les examine une heure plus tard. A la loupe, de biais, en dessous, par-dessus... — Bizarre... bizarre... vraiment très bizarre, qu'est-ce que tu as tripoté aujourd'hui, Martin ? — Ben les produits habituels pour laver les voitures, la pompe à essence, comme d'habitude. ?a fait six mois que je suis là dedans toute la journée, ça n'a jamais rien fait... — Tu es sûr de n'avoir rien fait d'autre que nettoyer des voitures ? — Ben ou… Si Martin ne fait pas allusion à la bizarrerie de la coccinelle, c'est que, puanteur ou pas, il est passé entre ses mains une douzaine de voitures, à laver, aspirer, gratter, astiquer, et qu'il en a plein ses pattes de quinze ans. Et aussi que sa mère s'affole en se demandant s'il a eu la varicelle, la scarlatine, ou la rubéole elle ne sait plus... (à suivre...)