Résumé de la 45e partie n Personne ne semblait inquiet de la disparition d'Ethel. Neeve retourne à l'appartement d'Ethel où elle rencontre Douglas Brown. A présent, étendu avec volupté sur le lit à baldaquin aux draps de soie, il examinait le contenu de la chambre. Sa valise était encore sur la méridienne, ses costumes étalés par-dessus. Qu'elle aille se faire foutre. Ce ne serait pas malin d'utiliser sa précieuse penderie, mais il n'avait aucune raison de ne pas ranger ses affaires dans l'autre. Le placard de l'entrée servait visiblement de débarras. Il parvint à tasser les albums de photos et les piles de catalogues et de magazines afin de pouvoir suspendre ses costumes sur la tringle à vêtements. Tandis que le café passait dans le percolateur, il prit une douche, appréciant la propreté étincelante du carrelage blanc, I'alignement des flacons de parfum et de lotions sur la tablette de verre à droite de la porte. Même les serviettes de toilette étaient pliées dans le placard à linge de la salle de bains. Cette pensée amena un froncement sur son front. L'argent. Cette petite Suédoise qui faisait le ménage chez Ethel avait-elle trouvé l'argent ? A cette pensée, Doug sortit d'un bond de la douche, frotta vigoureusement son corps mince, drapa la serviette autour de sa taille et se précipita dans le living-room. Il avait laissé un seul billet de cent dollars sous le tapis près du fauteuil à oreillettes. Il s'y trouvait encore. En conséquence, soit la petite Suédoise était honnête, soit elle ne l'avait pas vu. Ethel était une vraie nouille, songea-t-il. Lorsque le chèque de son ex arrivait tous les mois, elle le changeait en billets de cent dollars. «L'argent du luxe», disait-elle à Doug. C'était le fric qu'elle dépensait quand elle l'emmenait dans un de ces restaurants pour riches. «Ils mangent des haricots et nous dînons au caviar. Parfois, je claque tout en un seul mois. Il arrive aussi qu'il s'accumule. De temps à autre, je regarde ce qui reste et je l'envoie à mon comptable pour payer mes vêtements. Restaurants et vêtements. Voilà ce que ce stupide ver de terre m'a procuré pendant toutes ces années.» Doug avait ri avec elle, tandis qu'ils portaient un toast à cette chiffe molle de Seamus. Mais ce soir-là, il avait réalisé qu'Ethel ignorait le montant total des billets qu'elle cachait dans l'appartement et ne s'apercevait pas qu'il manquait deux cents dollars par mois. Somme qu'il s'était appropriée pendant ces deux dernières années. A deux reprises, des soupçons l'avaient effleurée, mais à la minute où elle avait émis un doute, il avait pas l'air indigné, et elle s'était immédiatement rétractée. «Si tu prenais seulement la peine d'inscrire tes dépenses, tu verrais où passe ton fric, s'était-il écrié. — Je suis désolée, Doug, s'était excusée Ethel. Tu me connais. Dès qu'une idée me trotte dans la tête, ça part comme une flèche.» Il raya le souvenir de leur dernière conversation, quand elle lui avait demandé de venir faire une course pour elle vendredi, ajoutant qu'il ne devait pas s'attendre à un pourboire. «J'ai suivi tes conseils, avait-elle dit, j'ai gardé la trace de ce que je dépense.» Il s'était précipité ici, sûr de pouvoir l'amadouer, sachant que si elle le larguait, elle n'aurait personne à qui donner des ordres... (à suivre...)