Récit n La présidente insiste auprès des accusés pour connaître les noms des personnalités qui défilaient dans la villa de Moumen à Hydra. Les révélations permettant peut-être de comprendre comment l'arnaque a eu lieu, commencent dès le deuxième jour avec la comparution du premier prévenu, le notaire Omar Rahal ainsi que de l'accusé Djamel Guellimi, inspecteur général de Khalifa Airways, puis patron de Khalifa TV en France. Trois heures de questions réponses pour le premier, un homme âgé et malade. La juge lui fera venir une chaise et de l'eau minérale. Ses déclarations seront déterminantes. M. Rahal relate le «faux et usage de faux». Il reconnaît, en effet, avoir rédigé les statuts et les actes constitutifs de la Société par actions (SPA) El-Khalifa Bank en 1998 avec un capital de 500 millions de dinars. Premier accroc, Rafik Khalifa n'avait pas libéré le cinquième du capital tel que prévu par le texte. Seule une somme de 8,5 millions de dinars est déposée au Trésor. Sur l'origine des fonds ramenés par Abdelmoumen, la juge expliquera au prévenu que cet argent est le fruit d'un acte d'hypothèque de deux villas de la famille Khalifa, qui ont servi pour avoir un crédit auprès de la BDL Staouéli. Me Rahal dira tout ignorer. En revanche, concernant les associés, il a des noms «Amirouchène Nadia, épouse de Moumen, Kebbache Ghazi, son oncle, et Guellimi Omar, Abdelmoumen et son frère Abdelaziz», dira-t-il. L'autre grief imputé à Me Rahal, c'est d'avoir signé 8 des 10 entités de Khalifa, dont aucune n'est légale, même les droits d'enregistrement n'ont pas été payés. Dans la foulée, Djamel Guellimi entre en scène. Cet accusé précisera qu'il était clerc du notaire Rahal, mais dira surtout qu'il avait une «relation d'enfance» avec Abdelmoumen Khalifa. Cependant, il ne cesse de répéter qu'il n'a aucune relation de travail avec Moumen. Il réfute aussi l'accusation d'avoir proposé son père pour qu'il figure parmi les actionnaires de la banque. Cet homme est cité par Issir Idir Mourad, directeur de la BDL Staouéli, pour avoir signé le faux acte d'hypothèque des deux villas sur la base duquel la BDL lui a octroyé un crédit. L'accusé persiste : «Je n'ai jamais signé d'acte.» Il nie aussi le fait d'avoir reçu les personnalités qui défilaient dans son bureau à Hydra. «Ce n'est pas vrai. J'avais un poste en France, je ne pouvais pas être à Alger», argumentera-t-il. La présidente insiste auprès de l'accusé Guellimi pour connaître le nom des personnalités qui défilaient dans la villa de Moumen à Hydra. «Je n'ai vu que Tayeb Benouis, P-DG d'Air Algérie, et Abdennour Keramane», répondra-t-il. L'accusé semble intrigué par la question de la juge qui lui demande : «A quel titre la chanteuse Amel Wahbi était rémunérée par El-Khalifa Bank.» «Je ne sais pas. Tout se faisait à partir d'Alger. Je sais qu'il y a Abdou Deriassa, cheb Mami, mais je ne connais pas les montants. Il s'agit de transferts en devises», ajoutera-t-il. Omar Guellimi, le père de Djamel, est convoqué à la barre en tant que témoin. Il faisait partie des premiers actionnaires d'El-Khalifa Bank. Dans son témoignage il reconnaît avoir vu, en tant que juriste de carrière, des erreurs qu'il n'arrivait pas à expliquer et que les autres actionnaires ne pouvaient justifier. «Mais personne ne m'écoutait. J'ai décidé de me retirer, mais je ne pouvais le faire du fait que nous étions sept associés avec le départ du huitième. Mon départ était juste une question de temps», dira-t-il amèrement. Il reconnaît avoir laissé son fils se jeter dans la gueule du loup bien que conscient que le groupe ne fonctionnait pas dans les normes.