Lacune n Nul doute que l'Algérie ne dispose pas d'outils efficaces pour mesurer, surveiller et réguler le prix des produits à large consommation. La libéralisation du commerce extérieur a couronné la liberté des prix en laissant le soin aux spéculateurs et maquignons de fixer les prix selon l'humeur des marchés. Pourtant dans une économie dite de marché, l'Etat doit garantir le maximum de régulation en surveillant de près «les dérapages» de certains producteurs qui tenteraient d'augmenter leurs profits sans se soucier de l'éthique de la consommation et de la préservation du pouvoir d'achat des grandes masses. Ainsi, le consommateur algérien se retrouve dans une spirale infernale de hausse des prix et d'une baisse de son pouvoir d'achat doublée par une dévaluation de la monnaie et l'absence d'un cadre de vie décent. Ces facteurs influent grandement sur le comportement des ménages face à la réalité des prix. Dans ce contexte, les consommateurs déplorent l'absence d'organes de veille (association de consommateurs, conseil de régulation des prix, services de statistiques…). Pour ainsi dire, l'opinion publique n'est pas suffisamment informée sur les principaux indices des prix à la consommation. Aucune statistique, étude ou enquête sur la consommation des ménages ne sont mises périodiquement au point par des organismes publics qui manquent d'ailleurs de moyens humains et matériels. L'Etat ne peut garantir que la subvention de deux produits qui sont le pain et le lait à travers le soutien qu'il accorde à certains intrants. Le reste des produits est livré à la concurrence avec des prix libres fixés selon les besoins par les producteurs eux-mêmes. «Le marché est tracé comme un bazar au lieu d'être aménagé par des outils modernes de contrôle et de régulation», nous confie, dépité, un économiste algérien. En effet, le marché algérien souffre de lacunes et de faiblesses à telle enseigne que l'anarchie reste parfois le maître-mot pour qualifier cette situation. D'autres facteurs aggravent «la turbulence des marchés» du fait que le juste prix n'est plus la formule séduisante pour stabiliser le marché de la consommation.