Alerte n Les experts n'ont eu de cesse de brosser un sombre tableau de la situation socioéconomique des Algériens. Ils en tiennent pour responsable l'inefficacité des mécanismes mis en place, dont les instruments de suivi. Les dépenses des Algériens sont réparties entre la nourriture, les soins, le logement, ainsi que les déplacements, selon les témoignages de nombreux ménages. Les loisirs restent, de ce fait, le parent pauvre des petites bourses. Ces dernières années ont vu toutefois d'autres frais venir se greffer à ceux cités précédemment. Il s'agit des charges financières des emprunts. Certains se sont endettés pour l'achat d'un véhicule, d'autres pour l'acquisition d'un bien immobilier, ou pour simplement changer leur électroménager vétuste. Une bonne partie de leurs mensualités part ainsi dans le remboursement des dettes. Une manière en quelque sorte de s'aligner au nouveau mode de consommation quitte à se priver parfois même de l'essentiel. La libéralisation du commerce extérieur a consacré la liberté des prix des biens à la consommation. Ils sont toujours en hausse et inaccessibles aux bourses des grandes masses qui n'ont d'autre choix que de fléchir devant les offres alléchantes des banques. Cet engouement pour les crédits à la consommation sont pourtant perçus autrement par le ministère du Commerce. Ils sont, pour lui, synonyme d'amélioration du pouvoir d'achat. «Le mode de consommation des Algériens a beaucoup évolué. Beaucoup peuvent aujourd'hui se permettre d'avoir un véhicule, changer d'immobilier, financer des projets à travers les crédits bancaires. C'est un signe d'amélioration du pouvoir d'achat», atteste Mme Akila Hammouche, responsable des statistiques au ministère du Commerce. Une lecture confortée par le dernier rapport du Conseil national économique et social (Cnes) qui a indiqué que l'Indice de la pauvreté humain (IPH) a reculé de 24,67 en 1998 à 18,95 points en 2006. Le Cnes a, toutefois, tenu à relever les effets négatifs de cette dépendance alimentaire, jusque-là amortis par les cours élevés du pétrole. Il avertit que les conséquences vont apparaître au fur et à mesure que le monde s'enlise dans la crise. Celles-ci restent, certes, peu visibles sur le terrain, mais les denrées alimentaires de large consommation ne connaissent pas de baisse. Ce sont les produits maraîchers qui inquiètent le plus les consommateurs. La comparaison d'indices bruts des prix des fruits et légumes frais fait ressortir non pas une variation (relative) pure des prix, mais des variations de prix pour chacun des mois, relève l'Office national des statistiques (ONS) dans son rapport de septembre 2008. Autrement dit, les prix sont fixés selon l'humeur des marchés en absence d'outils efficaces pour les mesurer, les surveiller et les réguler. En somme, si les conditions de la relance économique en matière d'urgence sociale n'étaient pas effectives, la fracture sociale s'élargirait inévitablement.