«Les 4 200 décès enregistrés annuellement sur nos routes et que les compagnies d'assurance doivent couvrir représentent l'équivalent de deux tremblements de terre.» C'est le constat fait par le P-DG de la Société algérienne des assurances (SAA) qui estime inadmissible le fait que «les assureurs dépensent 30 milliards de dinars pour la seule branche automobile sur un total de 55 milliards couvrant toutes les autres formes de sinistralité». «Ce sont des chiffres énormes que nous aurions pu, peut-être, économiser. Car hélas, il n'y a pas que les dépenses des compagnies d'assurances. Evidemment, il y a le reste, il y a les dépenses de la sécurité sociale, les soins dispensés dans les hôpitaux et tout ceci devrait représenter annuellement plus de 100 milliards de dinars», argumente Amara Latrous qui est intervenu, ce matin, sur les ondes de la Chaîne III. Alors que le chiffre d'affaires réalisé en 2006, par le secteur des assurances, est de l'ordre de 47 milliards de dinars, l'intervenant avouera que cette branche ne peut plus continuer à supporter le nombre des accidents. «Il faut que les acteurs concernés, les pouvoirs publics, les compagnies d'assurances, les centres de prévention routière et les services de sécurité travaillent ensemble pour trouver les solutions les plus efficaces en matière d'actions à mener», précisera-t-il. En somme, «plus on évitera les accidents, moins on payera». Le P-DG de la SAA admet dans ce registre que l'Algérie est l'un des rares pays au monde à avoir adopté un système d'indemnisation «no fault» qui consiste à rembourser tous les accidents quelles que soient les responsabilités des uns et des autres. Face à ce manque à gagner, M. Latrous, à l'instar des responsables du secteur, pense à l'urgence de «rééquilibrer l'assurance automobile». «Les pouvoirs publics nous disent que les compagnies d'assurance gagnent beaucoup d'argent dans les assurances des dommages et qu'avec cela celles-ci devraient faire des compensations pour les pertes que nous subissons en responsabilité civile obligatoire. Ceci, à notre sens, n'est pas un argument valable à faire valoir», fera-t-il savoir. Le premier responsable de la SAA, qui confirme que toutes les compagnies d'assurance «appliquent le bonus et le malus», dit regretter le fait qu'avec ces accidents coûteux, «le secteur donne malheureusement plus de bonus qu'il ne perçoit de malus». L'intervenant dira aussi qu'il n'est pas contre l'idée d'impliquer, dans le futur, les assureurs dans l'élaboration des textes relatifs au code de la route. Enfin à la question de savoir si les compagnies iront jusqu'à refuser une police d'assurance même aux véhicules neufs qui pourraient avoir des anomalies techniques, M. Latrous dira que «les compagnies d'assurance ne sont pas là pour contrôler si le véhicule est en état de rouler ou pas». Dans ce cas précis, il jette la balle aux pouvoirs publics : «S'il est prouvé aujourd'hui que les véhicules neufs enregistrent des défaillances techniques et ne devraient pas en conséquence rouler, alors il est du ressort des autorités compétentes de procéder au retrait des papiers.»