Une marée humaine a envahi ce mercredi matin, à pied, le centre de Beyrouth et la grande place des Martyrs pour un hommage à Rafic Hariri, l'ancien Premier ministre libanais tué dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth le 14 février 2005. Des vagues de fidèles, agitant le drapeau libanais, convergeaient vers la place, marchant le long des avenues noires de monde, parcourant parfois cinq kilomètres depuis les abords de la ville barrés par l'armée. La capitale libanaise a été placée en effet sous très haut dispositif militaire pour cet anniversaire, célébré sur fond de crise politique et après un attentat qui a fait trois morts mardi dans une région chrétienne des environs de Beyrouth. La foule convergeait vers la place des Martyrs, où repose l'ex-Premier ministre au pied de la grande mosquée Al-Amine, portant autour du cou des foulards bleus, la couleur du Courant du futur, le principal parti de l'actuelle majorité parlementaire anti-syrienne dirigée par le fils de Rafic Hariri, Saâd. Une grappe de jeunes gens avait pris d'assaut la statue des Martyrs, au centre de la place, pavoisée de bleu. Une horloge égrenait en lettres rouges lumineuses le nombre de jours depuis la mort de Rafic Hariri : 731, mercredi. Beaucoup venaient des régions éloignées du nord du Liban, comme de Tripoli ou de la région du Akkar, entonnant des chants patriotiques, portant des cantines ambulantes. «Nous sommes venus parce que nous sommes fidèles à la mémoire de Rafic Hariri», proclamait une banderole. «Nous avons marché un kilomètre et demi à deux kilomètres», à cause des barrages de l'armée, «nous ferons des centaines de kilomètres s'il le faut», assurait Antoine Doumit, un membre du parti chrétien des Forces libanaises. Face à la place des Martyrs, le campement dressé depuis le 1er décembre par l'opposition libanaise, qui réclame la démission du gouvernement, était inaccessible, bouclé par des centaines de militaires et policiers. Le campement était isolé du lieu du rassemblement par un mur de barbelés et de grillages, ainsi que par des plaques de bois et de carton barrant la vue, et par des cordons de soldats.