Vengeance Il a fait avec l'enfant ce qu'il n'a pas pu faire sur la mère parce qu'il n'en avait pas le courage. Un homme de 31 ans accusé d'avoir martyrisé sa petite fille de quatre mois en la pinçant, frottant et en la jetant en l'air, a été condamné vendredi à douze ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Haut-Rhin. La mère du bébé, âgée de 30 ans et qui comparaissait pour non-assistance à personne en danger, a été condamnée à trois ans de prison avec sursis. L'avocat général, François Jurdey, avait requis dix à douze ans de réclusion criminelle contre le père et trois ans avec sursis contre la mère, qui a divorcé après le drame et qui vit aujourd'hui avec sa fille. Les parents avaient fortement désiré Mélanie, née en mars 2000 alors qu'ils vivaient à Rixheim (Haut-Rhin). Pourtant, très rapidement, le père s'était mis à la martyriser jusqu'à ce que l'hôpital où le bébé avait été hospitalisé en juillet 2000 pour une blessure infectée au pied n'alerte la justice. Lors de l'enquête, le père a avoué avoir frotté et pincé la fillette jusqu'au sang et l'avoir lancée en l'air à plusieurs reprises au point de provoquer des fractures aux côtes et au fémur gauche. «C'étaient mes mains qui la serraient de plus en plus fort, c'était pas moi» a-t-il déclaré à la barre, tout en reconnaissant que ses «crises» étaient devenues, au fil des jours, «de plus en plus violentes, répétées et longues». «Je n'avais aucune satisfaction, c'était comme un devoir», a-t-il ajouté. L'examen de sa personnalité, marquée notamment par une névrose obsessionnelle, une grande introversion et une jalousie maladive ? il a expliqué devant la cour qu'il pensait que l'enfant n'était pas de lui ? a largement dominé le procès qui avait débuté mercredi. Les experts psychiatriques se sont succédé à la barre sans parvenir à expliquer le geste de l'accusé. «C'est un être intelligent, torturé et qui torture» a estimé l'avocat général, relevant qu'il avait systématiquement «confisqué» l'enfant à sa mère. «Il a fait avec l'enfant ce qu'il n'a pas pu faire sur la mère parce qu'il n'en avait pas le courage», a-t-il ajouté. La mère, partie civile au procès et qui a toujours affirmé n'avoir rien remarqué, a ,pour sa part, été présentée par l'expert psychologique mulhousien Joël Fritschy comme étant «dans une intense soumission à son mari». «Il me disait qu'il la serrait trop fort et que sa peau marquait et je le croyais», a-t-elle déclaré devant la cour. L'explication n'a pas convaincu les jurés qui ont suivi l'avocat-général qui, dans son réquisitoire, avait estimé que la mère n'avait pas vraiment cherché à savoir d'où venaient les hématomes couvrant le corps du bébé.