Résumé de la 6e partie n Le courant entre le cochon et la panthère ne passait guère. Le lendemain vers la demi-journée, le cochon n'avait pas donné signe de vie. L'après-midi se passa sans qu'on vît revenir le cochon. Les parents étaient très inquiets. Le soir encore, point de cochon. Tout le monde était réuni dans la cour, mais il ne pouvait plus être question de jouer aux barres. Les parents commençaient à regarder la panthère d'un air soupçonneux. Couchée sur le ventre, la tête entre ses pattes, elle semblait indifférente à l'inquiétude de ses amis. Les petites et même le canard et le vieux cheval en étaient fâcheusement impressionnés. Après l'avoir examinée longtemps, les parents firent observer : — Tu es plus grosse que d'habitude et ton ventre est lourd comme si tu avais trop mangé. — C'est vrai, répondit la panthère. Ce sont ces deux marcassins dont j'ai déjeuné ce matin. Hum ! le gibier était bien abondant, aujourd'hui. Sans compter que les sangliers n'ont pas l'habitude de rôder à la lisière des bois quand il fait jour. Il faut aller les chercher au fond de la forêt... — Justement, dit la petite poule blanche qui avait assisté au retour de la panthère, c'est qu'elle est allée très loin dans les bois. Elle me l'a dit ce matin quand elle est rentrée. — Impossible ! s'écria un jeune veau qui suivait la discussion sans, d'ailleurs, en bien saisir la portée. Impossible, parce que moi, j'étais aux prés, et, dans le milieu de la matinée, je l'ai vue passer près de la rivière. Tiens, tiens... firent les parents. Tout le monde regardait la panthère et attendait sa réponse avec anxiété. D'abord, elle resta interdite et finit par déclarer : Le veau s'est trompé, voilà tout. Je n'en suis du reste pas surprise. Il y a tout juste trois semaines qu'il est né. A cet âge-là, les veaux ont encore l'œil trouble. Mais, au fait, où voulez-vous en venir avec toutes vos questions ? — Tu t'es querellée hier soir avec le cochon, et, pour te venger, tu l'auras dévoré dans un coin ! Mais je ne suis pas seule à m'être querellée avec lui, riposta la panthère. Et s'il faut qu'il ait été mangé, pourquoi ne l'aurait-il pas été par vous, les parents ? A vous entendre, on croirait que vous n'avez jamais mangé de cochon ! Depuis que je suis ici, m'a-t-on déjà vue malmener une bête de la ferme ou la menacer ? Sans moi, combien de volailles seraient passées par la casserole, combien d'animaux vendus au boucher ? Et je ne parle ni du loup ni des deux renards que j'ai empêchés de saigner l'écurie et le poulailler... Les bêtes firent entendre un murmure de confiance et de gratitude. Toujours est-il que le cochon est perdu, grommelèrent les parents. Souhaitons que la même chose n'arrive pas à d'autres. Ecoutez, dit le canard, il n'y a aucune raison de croire qu'il a été mangé. Il est peut-être simplement parti en voyage. Pourquoi pas ? Moi aussi, j'ai quitté la ferme, un matin, sans vous avertir, et vous voyez, je suis là. Attendons. Je suis sûr qu'il nous reviendra... (à suivre...)