Né au début du siècle dernier dans un contexte qui ne se prêtait nullement à une quelconque tentative d?émancipation de l?indigénat, le Théâtre national algérien a eu un parcours des plus ardus. L?activité théâtrale en Algérie, qui n?avait pas de système de références à proposer à la poignée d?artistes qui s?y intéressait au départ, a dû, en effet, se pourvoir de plusieurs thématiques étrangères à sa culture propre avant de s?affirmer. Cette maturité s?exprimera timidement sous l?impulsion d?un auteur algérien que ne connaissaient que quelques initiés lettrés : un certain Tahar Ali Chérif qui entreprit dès 1920 de s?éloigner des thèmes évoquant l?arabisme historique en optant pour le mélodrame sans toutefois attirer beaucoup de spectateurs. Les salles de théâtre connurent une plus grande affluence en 1962, notamment, avec la présentation d?une pièce de Allalou, (Sellali Ali) intitulée Djeha qui traitait, dans un arabe dialectal, les maux sociaux de l?époque et s?attaquait aux marabouts. Deux autres auteurs, algérois comme lui, Rachid Ksentini et Mahieddine Bachtarzi, lui emboîtèrent le pas et produisirent des pièces comme Le nuage de Bou Akline Bou Borma et Antar El Hachaïch lesquelles connurent un succès relatif, mais non moins encourageant. La montée du nationalisme algérien, en 1932, s?accompagna de l?action de propagande des metteurs en scène comme Bachtarzi qui durent affronter la censure coloniale. La célèbre comédie de ces années-là Faqo ! prit le pas sur El Khada?ine et Beni oui-oui pour éveiller la conscience des Algériens marginalisés dans leur propre pays, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le combat était par trop inégal pourtant, et les hommes de théâtre se revendiquant du mouvement nationaliste ne purent que se contenter d?allusions pour continuer à exercer leur métier sous l??il méfiant des autorités françaises alors que se profilait la Révolution de Novembre 54. Lorsque l?affrontement se durcit des hommes de la trempe de Raïs Abdelhamid, Stambouli Mahboub, Rouiched, Boudia Mohamed et Kateb Mustapha répondirent présents aux côtés de leurs frères de combat. Certains furent arrêtés et emprisonnés, d?autres se firent les ambassadeurs de l?Algérie à travers le monde pour dire la libération et les nobles aspirations d?un peuple à travers des textes de l?écriture universelle.