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Un constat amer
Publié dans Info Soir le 18 - 03 - 2007

Décalage n Près de deux décennies après la création de l'UMA, les pays du Maghreb effectuent 70% de leurs échanges extérieurs avec l'union européenne et seulement 3% entre eux.
Les dirigeants qui se sont réunis à Marakech se sont montré plus que réalistes en fixant comme objectif principal à l'union qu'ils venaient de sceller, «la réalisation progressive de la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux entre les Etats membres». Soit un objectif que la conjoncture de l'époque permettait de concrétiser et susceptible de constituer un catalyseur qui amènerait à «l'adoption d'une politique commune dans tous les domaines».
Avec le même réalisme, les responsables arrêtent d'un commun accord les étapes à suivre pour l'édification d'une union économique : institution d'une zone de libre-échange avec le démantèlement de l'ensemble des obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce entre les pays membres, une union douanière tendant à instituer un espace douanier unifié avec adoption d'un tarif extérieur commun vis-à-vis du reste du monde et, enfin, l'institution d'un marché commun qui doit consacrer l'intégration des économies maghrébines avec la levée des restrictions à la circulation des facteurs de production à travers les frontières nationales des pays membres. Près de deux décennies plus tard, les observateurs s'accordent à faire l'amer constat qu'aucune de ces étapes n'a été franchie. Pis, les timides avancées enregistrées au début des années 90 sont aujourd'hui remises en cause. Aussitôt ouvertes, les frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc ont été refermées en 1994 suite aux attentats de Casablanca qui ont eu également comme conséquence l'institution réciproque du visa d'entrée pour les ressortissants des deux pays. Tout récemment, c'est la Libye de Mouamar El-Khaddafi qui, prétextant des raisons de sécurité, a brandi la menace d'instituer le visa pour l'ensemble des ressortissants maghrébins. Entre-temps, les Algériens éprouvent de plus en plus de difficultés pour se rendre en Tunisie. Cela en ce qui concerne la circulation des personnes. Les échanges commerciaux entre les pays membres ne sont pas mieux lotis et restent figés à leur niveau le plus bas.
A titre d'exemple, les pays du Maghreb effectuent 70 % de leurs échanges commerciaux extérieurs avec l'union européenne, au moment où le taux, entre eux, n'est que de 3 %. Entre l'Algérie et le Maroc, pour ne citer que ces deux pays, le montant des échanges était évalué en 2006 à 304 millions de dollars (dont 90 % en hydrocarbures), cela au moment où les «trabendistes» réalisent des performances beaucoup plus enviables : selon des estimations non officielles, deux milliards de dollars en marchandises traverseraient chaque année la frontière commune dans les deux sens. Il est vrai qu'en dehors de quelques conventions multilatérales (notamment dans le domaine de la coopération douanière) rien n'est venu encourager un flux plus important de marchandises. Sur le plan politique, empoisonné, il est vrai, par l'intransigeance marocaine sur la question du Sahara occidental, la situation n'a fait qu'empirer et les Etats membres n'arrivent pas à accorder leurs violons. Ils ont négocié en solo des accords avec l'Union européenne avec, en sus, des statuts différents (accord d'association pour l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, convention de Cotonou pour la Mauritanie et simple statut d'observateur dans le Processus de Barcelone pour la Libye). Idem pour les négociations d'adhésion à l'OMC.
Mieux, des initiatives d'une extrême gravité ont été engagées sans concertation préalable comme la reconnaissance par la Mauritanie de l'Etat d'Israël.


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