Evolution n L'annonce par Washington que des contacts seraient possibles avec les ministres non issus du Hamas sont autant d'indices qui présagent d'un changement d'attitude des USA. Des représentants des Etats-Unis et de l'Union européenne ont pris contact pour la première fois, hier, mardi, avec des membres du nouveau gouvernement palestinien, desserrant un étau occidental imposé depuis un an. Le consul général des Etats-Unis à Jérusalem a rencontré à Ramallah en Cisjordanie le ministre des Finances Salam Fayyad, selon des responsables palestiniens, alors que l'émissaire de l'UE au Proche-Orient s'est entretenu avec le chef de la diplomatie, Ziad Abou Amr. Les deux ministres sont des indépendants membres du nouveau gouvernement d'union palestinien regroupant le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas, Il s'agit du premier contact annoncé entre un responsable américain et un ministre palestinien depuis l'investiture du nouveau gouvernement, samedi dernier, par le Parlement. Les Etats-Unis avaient pourtant affirmé dimanche dernier, par la voix du conseiller à la sécurité nationale du président George Bush, qu'ils refuseraient de discuter avec le gouvernement palestinien tant qu'il ne renoncerait pas à la violence et ne reconnaîtrait pas Israël. Plus nuancé, le département d'Etat avait rappelé que les Etats-Unis boycotteraient les ministres issus du Hamas, mais traiteraient avec certaines personnes «au cas par cas». Il avait cité Fayyad qui jouit de la confiance des pays donateurs après un premier passage remarqué au ministère des Finances. Devant l'évolution des événements, à la veille d'une tournée de la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, dans la région, et à quelques jours d'un sommet de la Ligue des Etats arabes, à Ryad, qui sera largement consacré au conflit israélo-palestinien, les Etats-Unis, de l'avis de certains observateurs politiques, semblent marquer le pas par rapport à la position prônée par Israël, ce que certains jugent comme un tournant américain et un éloignement par rapport à IsraëlLe Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) exige que le gouvernement reconnaisse d'abord le droit à l'existence d'Israël et les accords israélo-palestiniens passés, et qu'il renonce à la violence, pour reprendre son aide financière directe gelée depuis un an. Après des consultations entre membres du Quartette, Européens et Américains sont convenus d'attendre les premières décisions du nouveau gouvernement avant de décider de l'attitude à adopter sur la reprise des aides. Leur suspension a plongé les territoires dans une grave crise économique, le précédent gouvernement se retrouvant en état de cessation de paiement. En attendant, et dans un signe d'apaisement, trois pays membres de l'UE, la France, l'Autriche et la Belgique, se sont dits prêts à des contacts avec des ministres non membres du Hamas dans le nouveau gouvernement. L'UE a, néanmoins, souligné qu'elle ne s'apprêtait pas à relancer son aide financière directe au gouvernement palestinien, qui nécessiterait une reconnaissance de l'ensemble du cabinet.