Jeu n Djaâfar, chatouille le nez du singe qui se met à se trémousser comme s'il riait. Les singes sont connus dans les montagnes de l'Atlas et la vieille Sakina, qui habite dans l'un des villages perdus des montagnes de Blida a dû en voir au cours de sa vie. Elle sursaute lorsqu'elle elle voit le petit primate que son petit-fils, Djaâfar, a ramené lors d'une randonnée à la montagne puis s'exclame : — Qu'est-ce que c'est ? Le jeune homme sourit. — C'est un singe, grand-mère ! — Un singe ? Mais pourquoi ramènes-tu un singe à la maison ? — Je l'ai trouvé, grand-mère... il semblait affamé, je lui ai donné à manger et quand je suis reparti, il m'a suivi ! — Relâche-le vite ! — Le relâcher ? Mais pourquoi ? — Parce que c'est péché de garder en captivité les animaux que Dieu a créé libres ! Le jeune homme secoue la tête. — Mais je ne l'ai pas capturé, c'est lui qui m'a suivi. Tiens, regarde... Il dépose la bête par terre en lui donnant une petite tape au postérieur, lui dit : — Va-t-en ! Le singe va jusqu'à la porte, puis, comme se ravisant, revient vers Djaâfar et s'accroche à son pantalon. — Tu vois, il ne veut pas partir. Il se baisse. Le singe saute aussitôt sur son bras et grimpe sur son épaule. — Je crois qu'il m'a adopté ; — Tu dis des bêtises ! La mère de Djaâfar, Daouia, arrive. Elle aussi s'étonne de voir l'animal. — On dirait un être humain, dit-elle. — C'est un être humain : dit la vieille Sakina. Djaâfar éclate de rire. — Un être humain ? tu as vu des êtres humains avec cette gueule ? — Justement, dit Sakina, c'est un être humain qui a été métamorphosé... Une personne qui a commis un péché grave ou qui a été touché par la malédiction et qui s'est transformé en singe ! — Ma mère me racontait des histoires de ce genre, dit Daouia. — Tu vois, dit Sakina, triomphante, à son petit-fils, je ne suis pas la seule à dire que le singe provient d'une personne métamorphosée : — Celui-la est un animal, pas une personne ! Djaâfar, chatouille le nez du singe qui se met à se trémousser comme s'il riait. — Tu vois, il s'amuse comme un fou ! — Ramène-le d'où tu l'as pris, dit Sakina. — Pas question, dit Djaâfar, il est devenu mon ami ! —Tu ne peux pas avoir pour ami cette créature ! — Pourquoi ? dit Djaâfar, je pense qu'il vaut beaucoup plus que certains humains !(à suivre...)