Résumé de la 108e partie n Alors que tous regardaient les funérailles à la télévision, Gordon Steuber, se demandait quelles preuves détenait réellement Ethel, et quelle était la part du bluff ? «Laissons la banlieue aux péquenots», telle était maintenant sa devise. Sal portait une de ses dernières créations, un pantalon de daim avec une vareuse assortie. Des poignets vert foncé et un col du même ton accentuaient son aspect sportif. Les critiques ne s'étaient pas montrés tendres pour ses deux dernières grandes collections, mais ils avaient fait avec quelque réserve l'éloge de sa ligne pour hommes. Bien sûr, les stars dans le domaine restaient toujours les couturiers qui révolutionnaient la mode féminine. Et, quoiqu'ils disent ou ne disent pas sur ses collections, ils continuaient à faire référence à lui comme au couturier qui avait changé la mode au XXe siècle, le créateur de la ligne Barrière du Pacifique. Sal revit le jour, deux mois auparavant, où Ethel Lambston était venue le trouver dans son bureau. Cette bouche sans cesse en mouvement ; sa manie de parler à toute vitesse. L'écouter vous donnait l'impression de suivre les chiffres sur un téléscripteur. Elle avait désigné du doigt le tissu Barrière du Pacifique sur le mur et prononcé : «C'est remarquable. — Même une fouineuse comme vous sait reconnaître la vérité, Ethel, avait-il rétorqué, et ils avaient éclaté de rire. — Allons, l'avait-elle pressé, baissez le masque et oubliez cette foutaise de villa à Rome. Ce que vous ne comprenez pas, vous et vos semblables, c'est que ces airs de fausse noblesse ne prennent plus. Nous vivons à l'époque du Burger King. Les origines modestes sont à la mode ! Je vous fais une fleur en révélant que vous avez grandi dans le Bronx. — Il y a pas mal de gens dans la Septième Avenue qui ont plus à cacher que le fait d'être né dans le Bronx, Ethel. Je n'ai pas honte.» Sal regarda le cercueil de Nicky Sepetti franchir le seuil de St. Camilla. J'en ai assez vu, se dit-il, et il s'apprêtait à éteindre le poste lorsque la veuve de Sepetti s'empara du micro et clama que Nicky n'était pas mêlé au meurtre de Renata. Pendant un moment, Sal resta assis les mains jointes. Nul doute que Myles était en train de regarder l'émission. Il savait ce qu'il devait ressentir et décida de lui téléphoner. Le ton détendu de son vieil ami le rassura. Oui, il avait vu le spectacle, dit-il. «A mon avis, il espérait que ses enfants le croiraient, suggéra Sal. Ils se sont tous les deux convenablement mariés et n'ont aucune envie que les petits-enfants apprennent que le portrait de Nicky porte un numéro dans les dossiers de la police. — C'est l'explication évidente, dit Myles. Bien qu'à dire vrai mon instinct me pousserait à croire qu'une ultime confession destinée à sauver son âme était plus dans le style de Nicky.» Sa voix s'estompa : «Il faut que j'y aille. Neeve va bientôt arriver. Elle a la désagréable tâche d'aller vérifier si les vêtements portés par Ethel venaient de sa boutique. — J'espère pour elle que non, dit Sal. Elle n'a pas besoin de ce genre de publicité. Dis à Neeve que si elle n'y prend pas garde, les femmes vont raconter qu'elles ne veulent pas être retrouvées mortes dans ses vêtements. Il n'en faudrait pas plus pour rompre la magie de ‘'Chez Neeve''.» (à suivre...)