Résumé de la 107e partie n Après la déclaration de la Veuve de Nicky, Myles sentit pour la première fois l'ombre d'un doute s'insinuer dans son esprit. Ayant appris que l'on avait trouvé le corps d'Ethel Lambston, Gordon Steuber fut pris d'une frénésie d'activité. Il ordonna de déménager son dernier entrepôt illégal à Long Island City, de prévenir les travailleurs en situation irrégulière des conséquences de déclarations à la police. Puis il téléphona en Corée pour annuler l'expédition en provenance de l'une de ses usines. En apprenant que la cargaison était déjà à bord, il lança d'un geste furieux le téléphone contre le mur. Puis il se força à réfléchir calmement, essayant d'évaluer les dégâts. Quelles preuves détenait réellement Ethel Lambston, et quelle était la part de bluff ? Et comment pourrait-il se dépêtrer des retombées de son article ? Bien que l'on fût samedi, May Evans, sa fidèle secrétaire, était venue mettre à jour le classement. May avait un ivrogne pour mari et un gosse qui se fourrait régulièrement dans le pétrin. Gordon l'avait sorti d'affaire une bonne demi-douzaine de fois. Il pouvait compter sur la discrétion de sa mère. Il pria May de venir dans son bureau. Son calme retrouvé, il l'étudia, notant la peau desséchée qui se ridait déjà, le regard anxieux, abattu, le comportement fébrile, avide de plaire. «May, dit-il, vous avez sans doute appris la mort tragique d'Ethel Lambston ?» May hocha la tête. «May, Ethel s'est-elle présentée ici un soir, il y a une dizaine de jours ?» May chercha un indice dans son regard. «Un soir où j'étais restée un peu plus tard pour travailler. Tout le monde était parti, sauf vous. J'ai cru voir Ethel entrer et vous l'avez mise à la porte. Est-ce que je me trompe ?» Gordon sourit. «Ethel n'a pas mis les pieds ici, May.» Elle hocha la tête. «Très bien, dit-elle. Lui avez-vous parlé au téléphone la semaine dernière ? Il me semble que je vous ai passé la communication. Vous étiez très contrarié et vous lui avez raccroché au nez. — Je n'ai jamais pris la communication.» Gordon saisit la main veinée de bleue de May et la serra doucement. «Mon souvenir est que j'ai refusé de lui parler, refusé de la voir, et que je n'avais pas la moindre idée de ce qu'elle s'apprêtait à écrire sur moi dans son prochain article.» May retira sa main de l'étreinte des doigts de Gordon et s'éloigna du bureau. Ses cheveux brun terne frisollaient autour de son visage. «Je comprends, monsieur, dit-elle à voix basse. — Bien. Fermez la porte en sortant.» Comme Myles, Anthony della Salva regarda les funérailles de Nicky Sepetti à la télévision. Sal habitait un dernier étage avec terrasse sur Central Park Sud, dans Trump Park, l'immeuble de luxe qui avait été restauré par Donald Trump à l'intention des fortunés de ce monde. Meublé par le nouveau décorateur en vogue dans l'esprit de la collection Barrière du Pacifique, I'appartement jouissait d'une vue fabuleuse sur Central Park. Depuis son divorce d'avec sa dernière femme, Sal avait décidé de s'en tenir à Manhattan, renonçant à ces ennuyeuses demeures du Westchester ou du Connecticut, de Long Island ou des Palisades. Il aimait pouvoir sortir à n'importe quelle heure de la nuit et trouver un restaurant ouvert. Il aimait les premières au théâtre, les cocktails et les réceptions, être reconnu par les gens qui comptaient. (à suivre...)