Pour atteindre cet objectif, l'Etat met les moyens : en plus de l'enveloppe budgétaire une chaîne du savoir sera lancée et 300 000 enseignant recrutés. La femme rurale est particulièrement ciblée. «Réduire de 50% le nombre d'analphabètes, soit plus de 3,2 millions de personnes d'ici 2012. éradiquer totalement l'analphabétisme à l'orée de 2016», tel est l'objectif que s'assigne Aboubakr Benbouzid, ministre de l'Education qui, muni de recommandations et de chiffres, a dévoilé lors d'un séminaire hier au Lycée Hassiba Ben Bouali (Kouba), les grandes lignes de la stratégie nationale d'alphabétisation. «Vu la cadence rapide de l'expansion de l'analphabétisme, le gouvernement s'est décidé à mettre les gros moyens. Il faudra maintenant toucher toutes les franges de la population, du nord au sud, de l'est à l'ouest» a martelé le ministre. Dans cette grosse artillerie : 50 milliards de dinars, débloqués sur le budget de l'Etat sur une durée de 10 ans, un grand potentiel en infrastructures, le recrutement de pas moins de 300 000 enseignants et très prochainement une «chaîne, télévisée, du savoir» qui touchera tous les foyers, sans limite aucune et même les milliers de prisonniers dans les pénitenciers. Autant de moyens à travers lesquels seront dispensés des cours de lecture, d'écriture et de calcul, afin, comme l'a souligné le ministre, de permettre aux adultes de «rattraper le temps perdu» et aux adolescents dont le niveau d'instruction s'est érodé à la suite d'un abandon précoce d'avoir une «deuxième chance dans leur vie». Les actions d'alphabétisation, avance le ministre, viseront l'ensemble des analphabètes mais la tranche d'âge comprise entre 15 et 49 ans est retenue comme prioritaire parce que c'est celle qui est la plus motivée par «une insertion ou promotion sociale et professionnelles». M. Benbouzid ajoutera qu'un intérêt particulier sera accordé aux femmes et aux populations des zones rurales qui doivent bénéficier de programmes appropriés, adaptés à leur condition, tout en essayant de «contourner tout blocage culturel qui peut éventuellement survenir». Ces actions cibleront d'abord en priorité les 28 wilayas qui se situent en dessous du taux national et plus particulièrement les 10 wilayas qui enregistrent un taux d'analphabétisme supérieur à 40%, c'est à dire Djelfa, Tissemsilt, Tamanrasset, Aïn Defla, Médéa, Chlef, Khenchela, Tiaret, Illizi et Relizane. Dans cette stratégie globale dont les grandes lignes ont été exposées par Benbouzid, il est stipulé que la durée globale du programme d'alphabétisation est de 18 mois, répartis sur deux années scolaires avec un contenu ventilé sur trois niveaux. Un niveau I allant d'octobre à juin, un niveau II de quatre mois (d'octobre à janvier) et enfin un niveau III de cinq mois (de février à juin). Il y a lieu de préciser dans le même registre que la tranche horaire hebdomadaire est fixée à 9 heures pour le niveau I et de 12 heures pour les niveau II et III, ce qui représente un volume horaire global de 756 heures pour tout le cursus. Les contenus seront, pour leur part, axés sur les langages fondamentaux (écrire, lire et compter) à travers un large éventail de connaissances (histoire, géographie, éducation civique et religieuse, initiation à l'informatique...