Patrimoine n La générale de «Terrasse, étoiles et lettres… veillent» a été donné, hier lundi, au Théâtre national. Le public, nombreux, a vécu, le temps de la représentation, des moments de plaisir, de joie et d'authenticité. La pièce qui s'ouvre sur un mariage dans un quartier de La Casbah et dans une famille à traditions citadines n'a pas commencé sur scène comme de coutume. Tout commence plutôt avec l'arrivée de la jeune mariée qui, accompagnée de sa belle famille, se fraye un chemin parmi l'assistance et se dirige vers la scène. La zorna, devant, joue on cérémonial. Le public, quant à lui, est considéré comme l'invité à ce mariage. Tout le monde applaudissait et les femmes, nombreuses, ne s'étaient pas retenues à lancer à profusion des youyou, prenant ainsi part aux festivités. Ensuite, et après que la mariée et sa famille aient été installées, la pièce se poursuit. Le public – surtout les personnes (femmes) de l'ancienne génération – redécouvre avec nostalgie la vie d'antan, avec ses coutumes raffinées et ses rituelles ancestrales. Le tout apparaît à travers le jeu de la bouqala . Pour faire vrai, donc dans l'authenticité, le metteur en scène, Sid Ahmed Hassan Kara, a opté pour tout ce qui a trait à la culture algéroise dite citadine. Il fait parler un patrimoine populaire riche et truculent. Il a fait dans la couleur locale : costume algérois, décor mauresque, gestuelles (et manies), comportement, langage… tout est référencée, c'est-à-dire caractéristique aux habitants de la Casbah. Même les prénoms des femmes (Baya, Batoul, Kheïra, Hnifa, Tamani…) sont typés. Cela a donné une vraisemblance, une impression belle, vigoureuse et authentique d'une situation donnée. Le public ne s'était pas contenté de voir la pièce, mais de se mêler à la scène, faisant un seul corps avec. Les femmes lançaient des youyous à chaque fois que l'occasion se présentait. Les comédiennes, à l'exemple de Fatiha Berbère, Bahia Rachedi, Aïda Guechoud… se sont distinguées par un jeu attachant et authentique, franc et beau. ? elles seules, elles ont réussi à mettre en espace une mémoire collective, mais qui se dit au féminin. Produite par le théâtrale national et écrite par Fouzia Laradi (poétesse), la pièce, qui constitue une fresque propre à la Casbah, donc à la ville d'Alger, montre que les femmes aussi , et peut-être surtout ,sont garantes et dépositaires d'un legs patrimonial et culturel. Elle est aussi un hommage rendu à l'Algéroise, donc à la ville d'Alger, notamment La Casbah. D'autre part, la pièce est une manière d'évoquer un temps, de rappeler une vie et de raconter un savoir-faire distingué, précieux et élégant, et la nécessité de faire revivre un patrimoine oral qui fait notre identité. Il est à souligner que cette pièce sera jouée le 5 avril au palais de la culture et sera également présentée au public tous les jeudis et cela jusqu'à la fin de l'année.