A l'occasion des fêtes religieuses, les zouafra regagnent leurs localités natales avec une nouvelle apparence. Ils portent de jolis vêtements «dernier cri» et tiennent, vaille que vaille, à montrer un nouveau visage, celui d'hommes heureux. Ils tentent de cacher leur misère devant leurs parents et proches. «Comme dit le proverbe kabyle, l'homme est celui qui ne se plaint pas malgré tout ce qu'il endure. Devant mes enfants et mes parents, je me montre toujours heureux afin qu'ils ne s'inquiètent pas de ma situation. Je préfère souffrir seul et en silence», nous dit Da Rabah, un manœuvre dans un chantier à Dély-Ibrahim. Les jeunes ne font pas exception à la règle. Lors de la visite de leurs parents, à chaque fin de mois, ils affirment que rien ne leur manque, qu'ils mènent une vie paisible à «El-aâssima». Certains reconnaissent que les rides de leurs visages, leurs regards anxieux les trahissent souvent. «Un jour, ma mère n'a pas pu se retenir en me disant : ya li m'chebbah men barra, ouach ahoualek men dakhel (les apparences sont souvent trompeuses), elle avait compris ma souffrance. J'étais, donc, obligé de lui raconter mon calvaire», témoigne Sofiane, serveur dans un café à Chéraga.