Résumé de la 2e partie n Sylvio est la sentinelle de la nuit, il a le regard sur tout ce qui se passe dans le quartier. Un drame s'était produit le soir. Il décide de déménager. «J'en ai pour deux jours à peine, je reviendrai te chercher quand j'aurai fini. En attendant, tu dors chez toi et tu m'attends. Tu verras... Y a rien de mieux que la campagne. Pas une maison à moins de 500 mètres. A propos, des flics sont venus à la maison tout à l'heure au sujet de l'accident. Je leur ai dit qu'on dormait et qu'on n'avait rien vu, mais ils ont demandé ton adresse ici. — Qu'est-ce qu'ils cherchent ? — Je sais pas, il paraît qu'on a tiré sur la voiture ou sur la moto, alors ils interrogent tout le monde, mais nous on n'a rien vu, hein ? T'as rien vu, toi ? — Non. — Eh ben, tu leur diras. Je me sauve, je vais emballer mes caisses.» Lorsque les deux policiers se sont approchés du bar, deux heures plus tard environ, Elise a eu un creux à l'estomac, comme jadis avant le départ d'une course. Le trac. Et pourtant, elle n'avait rien vu, ou si peu. Ils sont polis, prudents, froids mais inquisiteurs, ces deux policiers. Après quelques questions de routine pour préciser les liens entre Sylvio Ostie et le témoin, le véritable interrogatoire commence : «Vous connaissez bien vos voisins ? — Pas vraiment, je n'habite pas la maison en permanence, j'y dors seulement. J'arrive tard le soir et repars en général assez tôt. — Hier soir, vous n'avez rien remarqué ou rien entendu en provenance des maisons voisines ? — Non, je dormais. — Un coup de feu vous aurait réveillée ? — Sûrement, oui. — Décrivez-nous vos voisins. — Lesquels ? — Vos voisins immédiats, de chaque côté du pavillon. — Autant que je sache, dans la maison à gauche, il y a un couple de jeunes mariés avec un bébé, et de l'autre côté une famille avec des enfants, je ne les connais pas. — Le motard habitait de l'autre côté de votre rue, 200 mètres environ, lui, vous le connaissez ? — Non. — Tout le monde dit dans le quartier qu'il faisait beaucoup de bruit, la nuit également. Vous avez dû le remarquer ? — Oui, mais je ne le connais pas. — On dit qu'il s'amusait à tourner en rond au carrefour et qu'il empêchait les gens de dormir. — ?a ne durait pas longtemps, c'est un fermier. — Il avait dix-huit ans et quelqu'un lui a tiré dessus selon toute probabilité. Le hasard a voulu que la balle ne l'atteigne pas, mais elle a touché un automobiliste qui prenait son virage au carrefour. D'après les premières constatations, le conducteur, touché au cou, a perdu le contrôle de sa voiture et a percuté le motocycliste qui le croisait en sens inverse. — Ah ? — La trajectoire de la balle semble indiquer que le tireur s'était posté dans votre coin. L'arme utilisée est assez sophistiquée, probablement munie d'un silencieux. Une arme de professionnel. Votre ami était dans l'armée, je crois ? — Vous le soupçonnez ? — Peu de gens possèdent une arme de ce genre, et vos voisins immédiats n'ont pas la tête à ça. — Sylvio n'a pas d'arme, en tout cas, je n'en ai jamais vu. Et puis nous dormions tous les deux, il avait même pris un somnifère. — Il s'est couché en même temps que vous ? — Pas tout à fait, quelque temps après, vers onze heures trente ou minuit, sûrement. (à suivre...)