Résumé de la 3e partie n La première hypothèse des policiers fut que Sylvio est le seul militaire habitant le quartier. Il est connu pour son comportement anormal. Mais vous ne pouvez pas l'affirmer ? — Non. — Que faisait-il avant de se coucher ? — Il prenait... le frais à la fenêtre. — A-t-il fait une remarque quelconque ?» Elise ne répond pas, elle a peur de répondre, peur de parIer des jumelles, de la fenêtre ouverte, des chaussettes et du déménagement. Peur d'accuser Sylvio. Son trouble ne passe pas inaperçu. «Votre ami déménage aujourd'hui, c'était prévu ? — Euh... A vrai dire non, mais il se plaignait du bruit depuis qu'il vivait là. C'est un insomniaque, mais moi, je dors toujours très bien. — Est-il agressif, violent ? — Ce n'est pas un tendre, mais... — L'estimez-vous équilibré ? — Je ne sais pas, il essaie de l'être, en tout cas, il fait beaucoup de sport. Avant, sa vie était très active, alors, bien sûr, il s'ennuie un peu. Mais vous l'avez vu ! C'est à lui de répondre. — Avez-vous un doute, madame ? — Ecoutez, je ne peux pas répondre à cette question, c'est trop grave, et puis je dormais, je n'ai rien vu. — Cette affaire est sérieuse, madame, un dingue s'est amusé à tirer en pleine nuit sur des gens inoffensifs. Le coup est parti de votre côté et d'une fenêtre en hauteur. Nous n'avons pas tellement le choix : d'un côté, un jeune marié père d'un bébé de six mois ; de l'autre, un père de famille tranquille employé à la ville et, au milieu, vous ! Réfléchissez, votre compagnon est ancien légionnaire, il a fait plus de guerre en trente ans que tout le quartier réuni. Si quelqu'un peut posséder une arme, c'est lui, et il déménage comme ça, le lendemain ? Lorsque nous sommes arrivés chez lui, ses affaires étaient déjà emballées et il a donné une nouvelle adresse en dehors de la ville. ?a ne vous tracasse pas ? ?a ne vous paraît pas le meilleur moyen pour éviter une perquisition, pour faire disparaître l'arme ? Il faut nous dire tout ce que vous savez sur lui et le moindre détail de cette nuit. Même si vous tenez à cet homme ! Il est peut-être malade, il recommencera peut-être.» Après un long silence, Elise s'est décidée. «La nuit était noire...» Et elle a tout dit : la fenêtre ouverte, le fait que Sylvio n'ait pas voulu voir ce qui se passait, alors qu'il avait l'habitude d'espionner l'environnement à la moindre occasion, en usant des jumelles. Pourquoi s'était-il couché en chaussettes, comme quelqu'un qui s'est couché précipitamment pour faire semblant de dormir ? Et cette rage contre le bruit, cette hantise des conventions et d'une certaine morale. Morale et conventions qu'il appliquait aux autres, mais pas à lui. Lorsque les policiers se sont présentés au nouveau domicile de Sylvio Ostie, soixante ans, mercenaire à la retraite, l'homme les a fait entrer puis, sous prétexte d'attacher son chien dans la cour, a disparu une minute. Le temps de récupérer son arme dans la niche du chien et de se tirer une balle dans la poitrine. La même arme, la même balle qui avait troué la nuit noire et provoqué la mort de deux personnes. Mais il a survécu, lui, même s'il n'est plus qu'un demi-corps foudroyé sur une chaise d'infirme dans le silence ouaté d'un hôpital-prison, mercenaire de lui-même.