Situation n Le méga projet de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, géré par l'entrepris, Ensa, a accaparé une grande partie du foncier de la ville de Rahmania d'une superficie de 12 km 2. C'est le cas aussi des autres communes voisines. «Depuis 1997, nous n'avons plus de foncier. Toutes les EAC (Exploitation agricole commune) ont été comprises sur les plans de la nouvelle ville de Sidi Abdellah. Certes, les exploitants des EAC ont été indemnisés, mais, moi, je n'arrive pas à expliquer aux gens cette réalité», souligne Ahmed Azaoui, le P/APC de Rahmania. Ce dernier explique qu'il ne peut pas s'opposer à un projet national. «En théorie, ça fait partie de mes prérogatives, mais le projet a une portée nationale et officielle. Cela nous pénalise énormément, car le projet de la nouvelle ville tarde à voir le jour, les chantiers sont sur nos terrains mais ils sont à l'arrêt depuis des années», dit-il. Créée en 1984, Rahmania était une ferme qui s'appelait Boussalem-Boualem. Le jour de notre visite, les habitants de cette commune ont organisé un sit-in pour demander au maire des explications sur le sort des 50 logements qui restent en chantier à cause d'un litige de terrain entre l'Ensa et l'APC. «Nous avons payé 30 millions de centimes depuis quatre ans, les logements sont finis à 70 %, mais depuis le chantier est à l'arrêt et aucune explication ne nous a été donnée», explique un père de famille qui vit dans des conditions pénibles avec ses 8 enfants, dans le quartier de Naâmane. Les habitants reprochent au premier magistrat de la commune son inertie et exigent une explication sur le sort réservé à leurs logements. «Normalement, c'est au maire de saisir les autorités concernées. Ou, on démolit et on nous indemnise ou on construit nos maisons avec nos propres moyens», explique un autre bénéficiaire du projet de 50 logements participatifs. Cette situation a découragé aussi les exploitants des EAC qui ne travaillent plus leurs terres surtout pour la plantation d'arbres fruitiers. «Nous ne savons plus quand on va commencer à construire sur nos terres. Alors on ne va pas s'aventurer à investir en plantant ou en construisant», souligne le chef d'une EAC. C'est le même constat aussi pour les investisseurs industriels qui boudent la ville de Rahmania. Le peu d'entreprises qui sont implantées sur les terres de cette commune sont déjà à l'arrêt comme la minoterie qui employait une cinquantaine de travailleurs. «Depuis 1997 aucun investissement majeur n'a vu le jour dans notre commune et c'est tout à fait logique. Qui pourrait gaspiller son argent dans une ville fantôme ?», souligne un ex-ouvrier de la minoterie de Rahmania. Cette situation a pénalisé les habitants qui ne trouvent pas de travail même dans l'activité de l'agriculture qui caractérisait cette commune. Résultat, les habitants de Rahmania chôment et pour les quelques uns ayant pu trouver un travail ailleurs , ils n'ont pas de moyens pour se déplacer. Nous n'avons trouvé à Rahmania, comme entreprise, qu'une petite fabrique de parpaings qui emploie quatre personnes.