Le ventre est porteur d'une double symbolique : celle de la maternité (l'enfant dans le ventre maternel) et celle de la dévoration (le ventre représentation de la gloutonnerie). Le ventre est, avant tout, celui de la mère: c'est un lieu de protection et de tendresse, où le petit homme est à l'abri du besoin. Il ne ressent, ni faim, ni soif, ni froid, ni chaleur, il n'y connaît, ni peur, ni angoisse. C'est pourquoi, dans beaucoup de cultures, le ventre de la femme enceinte est sacralisé. La mort est souvent interprétée comme un retour au ventre maternel, non pas celui de la mère humaine, qui a donné la naissance, mais celui de la terre, la mère primitive, de laquelle tous les êtres sont issus. La formule religieuse «Tu es terre (ou poussière) et tu retourneras à la terre» n'est pas propre aux religions monothéistes, qui enseignent la création du premier être humain, Adam, à partir de la terre, mais se retrouvent dans toutes les religions. Au Maghreb, la forme de la tombe, la fameuse bazina, épouse la forme du ventre de la femme enceinte : c'est un tertre de terre, posé sur des dalles funéraires sous lesquelles, se trouve la fosse ou chambre du mort. Le ventre est, de plus, un lieu de transformation, où l'être passe par toutes les phases de transformations, qui vont le conduire de l'état de liquide à celui d'être de chair et d'os, dans sa forme achevée. Cette fonction créatrice du ventre a été comparée parfois à un laboratoire d'alchimie : c'est un lieu où, dans la chaleur, s'effectuent les transformations et les mutations qui finissent par la réalisation de l'œuvre.