Interview n Dans cet entretien, Mohamed Bachir, responsable au service prévention de la Cnas, estime que ce chiffre reste insuffisant. Le nombre global des travailleurs déclarés étant de 4 millions. InfoSoir : Les statistiques de ces dernières années révèlent une augmentation considérable des accidents de travail, pourquoi ? ll Mohamed Bachir : L'augmentation des accidents du travail est, étroitement, liée à la croissance économique du pays. Et les secteurs traditionnellement exposés à ce phénomène tels que le bâtiment et les travaux publics ainsi que le secteur de l'hydraulique ont connu, ces dernières années, une croissance appréciable. L'autre fait remarqué est la recrudescence des accidents du travail dans la branche interprofessionnel, le secteur tertiaire de l'activité. Celui-ci est, essentiellement, lié au secteur des services qui fait travailler le plus grand nombre de travailleurs. Ce qui explique, en partie, le nombre important d'accidents enregistré dans cette branche d'activité. Actuellement, ils sont un peu plus de 100 000 rentiers des accidents du travail ou maladies professionnelles pris en charge par la Cnas. Cette prestation permanente représente plus de 80 % des dépenses de notre Caisse. Le manque d'hygiène et de sécurité, en milieu professionnel, ne serait-il pas la cause principale des accidents ? ll La loi 88-07 délimite, en effet, les responsabilités de chacun en matière de sécurité et de médecine du travail. L'employeur est tenu, selon cette loi, de garantir ces deux éléments essentiels au développement de toute activité. En fait, c'est à celui qui crée l'emploi d'assurer le réseau qui doit l'accompagner dans la prévention et la prise en charge des accidents du travail. Certaines entreprises restent, cependant, indifférentes à cette disposition. Le code du travail est-il à même de garantir les droits des travailleurs ? Ces derniers sont-ils suffisamment informés pour réclamer des conditions de travail plus saines ? ll Le législateur a fait obligation aux employeurs de faire une déclaration à la Cnas dans les 48 qui suivent l'accident et ce, quelle que soit la gravité de celui-ci. De toute évidence, ce n'est pas toujours le cas. Les déclarations concernant les maladies professionnelles, un millier par an, est un exemple très édifiant. Ce cas de figure est très pernicieux, d'autant que notre législation ne reconnaît que les maladies affichées dans le tableau des maladies professionnelles, car la relation de cause à effet doit être établie d'une manière scientifique. Il s'agit d'un problème de reconnaissance et de connaissance. Nos travailleurs ont un niveau d'instruction qui fait que ces dispositions restent ignorées par eux. En termes de chiffres, combien de médecins de travail existe-t-il sur le territoire national et à combien estimez-vous le nombre de travailleurs bénéficiant de ce droit ? ll Le nombre des médecins du travail sur l'ensemble du territoire national tourne autour de 500 médecins, ce qui est loin de couvrir l'ensemble de la population active. 4 millions de travailleurs sont déclarés à la Sécurité sociale, dont 40 % seulement bénéficient de la médecine du travail.