Plus d'un million de Turcs sont descendus, hier dimanche, dans les rues d'Izmir, la troisième ville du pays, pour exiger le maintien de la laïcité qu'ils estiment menacée par le gouvernement du Premier ministre Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste. Les organisateurs de la manifestation, la troisième grosse démonstration de force en moins d'un mois après celles d'Ankara et d'Istanbul, avaient espéré jusqu'à deux millions de personnes dans cette ville, plaque tournante du tourisme, occidentalisée et acquise à la laïcité. Les rues, les immeubles et mêmes les casernes d'Izmir étaient pavoisées aux couleurs turques – croissant et étoile blancs sur fond rouge – et ornés de portraits de Mustafa Kemal Atatürk, le révéré fondateur de la Turquie moderne. «La Turquie est laïque et restera laïque» et «Non à la charia!», scandaient les manifestants, jeunes pour la plupart. La police n'a signalé aucun incident notable. L'AKP, parti d'Erdogan, n'a pu faire élire par le parlement son candidat à la présidence, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, et les députés ont adopté jeudi un amendement constitutionnel prévoyant que le chef de l'Etat serait désormais élu au suffrage universel direct.