l Il a fallu attendre presque toute une carrière pour voir Rabah Saâdane récompensé par un titre suprême avec un club algérien, après avoir conduit la sélection nationale au Mondial mexicain de 1986. En effet, en remportant la Ligue des champions des clubs arabe, Saâdane a pris une revanche sur le sort et sur ceux qui ont souvent jetés en pâture et traités comme des moins que rien des entraîneurs algériens. Pourtant, Saâdane avait prouvé avec le Raja de Casablanca, avec qui il a gagné la coupe d'Afrique des clubs champions face au MC Oran en 1989, qu'on pouvait investir à long terme sur un entraîneur de club ou en équipe nationale. Avec cette dernière, Saâdane avait réussi le pari de l'emmener jusqu'en quart de finale de la CAN 2004, alors que tout le monde la donnait perdante sur toute la ligne. En neuf mois, Saâdane, qui occupait le poste de DTN, avait su modeler une jeune sélection en lui permettant de faire valoir son potentiel pour jouer avec ses armes face aux grands d'Afrique. Au-lieu d'être récompensé par ce travail, cet exploit, la FAF s'en détourna en allant chercher le Belge Waseige qui précipita l'élimination des Verts au Mondial et à la CAN 2006. Entre temps, Saâdane prouvera ses grandes compétences de technicien et de cadre algérien avec la sélection du Yémen qui fera un saut qualitatif et enregistrera des résultats jamais réalisés auparavant. Puis vient l'épisode sétifien, en remplacement de Belhout, au moment où l'équipe passait par un effroyable passage à vide qui a failli tout remettre en question et faire éclater la maison de l'Entente. Mais avec sa sagesse, sa maîtrise, son savoir-faire et son discours, Saâdane a remis le train sur les rails en enchaînant une qualification en coupe d'Algérie et un match nul contre l'USMA à Bologhine, avant de reprendre de nouveau son rythme de croisière et de rouleau compresseur. Le succès en Ligue des champions des clubs arabe est donc quelque part la victoire de l'entraîneur algérien, souvent non considéré et sous-estimé à tort.