Explication n Nonobstant, les désagréments causés aux citoyens, la crise du lait que vient de vivre notre pays a eu le mérite de mettre à nu les dysfonctionnements qui minent une filière qu'on croyait sinon «performante», du moins à l'abri des perturbations. Il a suffi que les prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux augmentent sensiblement pour que le lait disparaisse des étals, conséquence directe de la fermeture de nombreuses unités privées de transformation. Ce qui est révélateur de la fragilité de l'industrie laitière. Celle-ci reste encore à créer, tranchent certains professionnels interrogés en marge du 7e Salon international de l'élevage et du machinisme agricole (Siema 2007) qui s'est tenu récemment au Palais des expositions, aux Pins maritimes, à Alger. S'il est vrai que quelque 60 % des besoins laitiers sont satisfaits par la production nationale, il n'en demeure pas moins que cette dernière dépend presque entièrement du marché mondial. En effet, l'industrie laitière fonctionne essentiellement à base de matières premières importées, dont principalement la poudre de lait. Selon Karim Rahal, enseignant à l'institut des sciences agrovétérinaires de l'université Saâd-Dahleb de Blida, les unités de transformation n'utilisent que 10 à 15 % du lait cru produit localement. «Le taux n'est que de 11 %», souligne, pour sa part, Rachid Amellal, enseignant à l'Institut national d'agronomie (INA) d'El-Harrach, à Alger. C'est dire qu'on n'a pas encore de production nationale proprement dite. Certes, l'Etat a consenti bien des efforts pour développer la filière en construisant, notamment, des laiteries dans les différentes régions du pays, mais cela n'a pas suffi. D'où la décision prise en 1994 d'ouvrir le créneau de la transformation laitière à l'investissement privé. Une décision qui s'est avérée judicieuse avec le temps. «Aujourd'hui, la production nationale est assurée à hauteur de 60,7 % par les laiteries privées», dira à ce sujet M. Amellal dans sa communication présentée à l'occasion du Forum international vétérinaire (FIV) qui s'est tenu en marge du Siema 2007. Et de noter que les unités de transformation étatiques «ont des capacités de production de loin supérieures à celles des privés, mais elles sont sous-utilisées». La faiblesse de la production laitière s'explique aussi, selon les professionnels, par le prix administré du lait qui freine tout investissement dans la filière, les problèmes du foncier, de ressources fourragères et de charges diverses auxquels sont confrontés les éleveurs de bovins.