La filière lait n'arrive toujours pas à sortir du tourbillon des perturbations. Suite à la tension enregistrée sur le lait en sachet fin février dans le centre du pays pour rupture des stocks de poudre de lait et après les contestations des éleveurs pour non-versement des primes d'encouragement à la production, un autre problème vient de surgir. Il s'agit du non-respect par les transformateurs du prix plancher d'achat de lait cru auprès des éleveurs. L'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), le Comité interprofessionnel du lait et tous les acteurs de la filière laitière font ainsi de nouveau face à un épineux dossier. Quand les finances s'en mêlent, tout risque d'être chamboulé et, en parallèle, c'est tout le programme national d'intensification de production laitière qui risque d'en pâtir. Alors que le CIL a fixé le prix de cession du litre de lait cru aux transformateurs à 30 dinars le litre, ces derniers n'offrent qu'entre 26 et 29 DA, soit une perte oscillant entre 1 et 4 DA par litre pour les éleveurs qui n'ont plus les moyens financiers de faire face au non-respect des engagements des producteurs de lait. Cette situation peut aller loin puisqu'elle menace même l'approvisionnement régulier des consommateurs en lait. Car, pour mettre fin à ce problème, le CIL a eu recours aux menaces et aux avertissements. Les laiteries pourraient, en effet, être sanctionnées par une diminution de leur quota de poudre de lait. Ce qui signifie que le risque de diminution de la production persiste et ne fera que peser sur les consommateurs. Lesquels pourraient revivre les pénuries engendrées par la crise alimentaire mondiale de 2008. Et pour cause, la réduction des quotas pourrait engendrer une diminution de la production du lait en quantité et en qualité. Que fait réellement donc l'ONIL pour éviter ce genre de situation ? Créé au lendemain de la crise alimentaire de 2008 et suite à la flambée des prix de la poudre de lait sur le marché international, l'ONIL n'arrive toujours pas à jouer son rôle. Sinon, il aurait pu éviter un tel scénario à une filière aussi fragile et fortement dépendante des importations en matières premières. Les problèmes sont loin d'être réglés. Idem pour la céréaliculture. Pourquoi l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) n'arrive-t-il pas à vendre son blé stocké dans les silos ? Pourquoi les transformateurs ne se bousculent-ils pas au portillon de l'OAIC ? Le ministère du Commerce, pour éviter des pertes à cet office, a eu l'idée d'appeler les minoteries à ne plus importer mais cela reste insuffisant. L'OAIC aurait pu opter pour une politique des prix agressive et de meilleures conditions de stockage pour attirer les acheteurs. Ce qui se passe aujourd'hui dans la filière laitière et dans la céréaliculture renseigne clairement sur les lacunes qui caractérisent la gestion des offices. S. I.