Résumé de la 3e partie n Le roi fut heureux du marché conclu avec le soldat. Celui-ci accepta d'abandonner ses droits sur sa fille moyennant de l'or. Quand le sac fut prêt, l'hercule de la bande, celui qui déracinait les arbres avec la main, le mit sur son épaule et se présenta au palais. Le roi demanda quel était ce vigoureux gaillard qui portait sur son épaule un ballot de drap gros comme une maison, et, quand il l'eut appris, il fut effrayé en pensant à tout ce qui pourrait s'engouffrer d'or là dedans. Il en fit venir une tonne que seize hommes des plus forts avaient peine à rouler ; mais l'hercule la saisit d'une main, et, la jetant dans le sac, se plaignit qu'on lui en eût apporté si peu, qu'il n'y en avait pas de quoi garnir seulement le fond. Le roi fit apporter successivement tout son trésor, qui passa tout entier dans le sac sans le remplir seulement à moitié. «Apportez toujours, criait l'hercule ; deux miettes ne suffisent pas à rassasier un homme.» On fit venir encore sept cents voitures chargées d'or de toutes les parties du royaume, et il les fourra dans son sac avec les bœufs qu'on y avait attelés. «Je vais finir, dit-il, par prendre indistinctement tout ce qui me tombera sous la main pour le remplir.» Quand tout y fut, il y avait encore de la place, mais il dit : «Il faut faire une fin, on peut bien fermer son sac avant qu'il soit plein.» Il le mit sur son dos et alla rejoindre ses compagnons. Le roi, voyant qu'un seul homme emportait ainsi toutes les richesses de son pays, entra dans une grande colère et fit monter à cheval toute sa cavalerie, avec ordre de courir sus aux six compagnons et de reprendre le sac. Ils furent bientôt atteints par deux régiments qui leur crièrent : «Vous êtes prisonniers, rendez le sac et l'or qu'il contient, ou vous êtes massacrés sur l'heure. — Que dites-vous là, répliqua le souffleur, que nous sommes prisonniers ? Auparavant vous danserez tous en l'air.» Et bouchant une de ses narines, il se mit à souffler de l'autre sur les deux régiments, et ils furent dispersés çà et là dans le bleu du ciel, par-dessus monts et vallées. Un vieux sergent-major cria grâce, ajoutant qu'il avait neuf cicatrices, et qu'un brave comme lui ne méritait pas d'être traité si honteusement. Le souffleur s'arrêta un peu, de sorte que le sergent retomba sans se blesser ; mais il lui dit : «Va trouver ton roi, et fais-lui savoir qu'il aurait dû envoyer plus de monde contre nous, et que je les aurais tous fait sauter en l'air.» Le roi apprenant l'aventure, dit : «Il faut les laisser aller ; les drôles sont sorciers.» Les six compagnons emportèrent donc leurs richesses ; ils en firent le partage et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours.