Réputation Ma? Z?hor était connue dans son quartier d?Ezzaouia, mais aussi dans tout Tébessa pour ses prémonitions. Ma? Z?hor se leva à dix heures ce matin-là. Elle avait passé une nuit horrible, traversée de cauchemars dont elle avait gardé la bouche sèche et une sensation d?étreinte à la gorge. Son unique fils était au centre de ses rêves et il était en danger. Elle en était convaincue. Elle a toujours été comme ça, Ma? Z?hor. Naïve et perspicace. D?ailleurs, tout le quartier d?Ezzaouia la citait en exemple quand il s?agissait de prémonition. On dit d?elle qu?elle sentait les choses et pouvait prédire les événements des semaines avant qu?ils ne se produisent. Un don qu?elle aurait hérité de sa propre mère, semble-t-il, et qui a fait d'elle une espèce de «bahloula» qu?on prend très au sérieux à Tébessa et peut-être dans toute la région. Ce qu?elle avait vu en rêve cette nuit l?a marquée et elle en fit part à sa belle-fille : Abdelatif, son fils, était menacé de mort violente. Un vieil homme à la longue barbe et tout de blanc vêtu l?en avait prévenue, sans pour autant lui dire quand ni comment cela arriverait. Les deux femmes étaient aussi affolées l?une que l?autre à l?idée que l'homme de la maison, celui qui était capable de toute la générosité du monde à l?endroit des siens et des autres, pouvait brutalement disparaître. Abdelatif devait justement se rendre à Constantine le lendemain pour y faire des achats, il avait l?habitude de voyager et passait pour un excellent chauffeur, mais pour Ma? Z?hor, qui était obnubilée par la funeste vision, ce déplacement ne devait pas se faire. Elle convient avec sa bru de tout faire pour l?en empêcher. Mieux, elles tombèrent d?accord pour le retenir à la maison le plus longtemps possible. C?est ainsi que Ma? Z?hor fit semblant d?être très malade et garda le lit toute la journée en s?arrangeant pour que son Abdelatif restât à son chevet. (à suivre...)