Portraits n Même sourire discret et tempérament calme, même âge aussi : 12 ans. Islam et Moussa sont hospitalisés au service de cancérologie pédiatrique de l'hôpital Benboulaïd depuis près de huit mois. Islam de Aïn Defla et Moussa de Chlef ont passé cette année les épreuves de la 6e. Islam a pu décrocher la moyenne de 7,8, mais la chance n'a pas souri à Moussa qui, bien que déçu du résultat, se dit prêt à repasser l'examen en deuxième session le 24 juin. «C'est à cause de sa maladie et ses séances de chimiothérapie qu'il avait été contraint de quitter les bancs de l'école où il n'a étudié qu'une partie du 1er trimestre», nous dira sa tante paternelle, et garde-malade. «J'ai fait mon possible pour me préparer à l'examen, mais la maladie m'a fatigué», nous dira calmement le petit jeune homme.Tout fier de ses résultats, Islam essaye de consoler son ami. «La santé avant tout», lui dit-il. «Je suis heureux de ma réussite, nous dira-t-il et je souhaite qu'une chose, guérir de ma maladie.» une maladie qu'il a difficilement acceptée, nous apprendra sa mère et garde-malade. «Islam est très intelligent. Il a souffert depuis sa première enfance de plusieurs maladies. Il essaye de résister grâce à sa volonté, mais parfois il n'arrive pas à accepter sa maladie.» Islam, selon sa mère, a toujours été un bon élève depuis sa première année primaire et c'est grâce à son père, enseignant, qu'il a pu suivre les cours à la maison, mais aussi grâce à sa maman qui a toujours été à ses côtés. «Il a une volonté de fer malgré ses souffrances. Il a supplié son médecin, le Dr Benamar qu'il adore, à l'autoriser à sortir pour l'examen, en lui promettant de revenir à l'hôpital après les épreuves», continuera-t-elle, mais avant de quitter l'hôpital, samedi, la veille des épreuves, Islam avait fait sa séance de chimiothérapie. «Fatigué, épuisé et stressé, mon fils a tenu le coup. Il a voyagé durant trois heures par route en taxi avec moi, pour présenter l'examen dimanche et rejoindre son lit d'hôpital à la fin des épreuves. Donc, le jour même», nous confie encore la maman, des larmes de fierté dans les yeux. Moussa, selon sa tante, est resté 27 jours chez lui puis a subi sa séance de chimio à la veille des épreuves de 6e. «Moussa m'a confié qu'il avait peur de rater l'examen car il se sentait fatigué et qu'il avait tout oublié». Moussa qui semble avoir repris le dessus nous déclare : «Je suis capable de le refaire.» Comme ce garçon malade, il en existe des centaines qui ratent leurs études et qui ont besoin de soutien scolaire dans les hôpitaux. Quelques hôpitaux d'Alger, qui devraient servir d'exemple, aident les scolarisés hospitalisés à étudier, notamment ceux qui nécessitent des traitements à vie. C'est lors d'une sortie, vendredi dernier, avec les membres d'El Badr, une association d'aide aux malades atteints de cancer de Blida, qu'on a eu l'opportunité de voyager dans le monde de ces petits malades. un monde de courage et de volonté. Créée depuis neuf mois à peine, cette association active dans les hôpitaux, surtout les vendredis, en rendant visite aux malades pour leur offrir des roses, des fruits, des cartes de recharge pour téléphones et tout ce dont ils ont besoin. n Cheikh Abdellah Belmehdi, imam à l'hôpital Frantz-Fanon, a accompagné les membres de l'association deux vendredis. Il nous révélera sa fierté des efforts que déploie l'association en encourageant ses initiatives humanitaires envers des malades désespérés. Vendredi dernier, les malades, en voyant l'imam, ont accouru vers lui pour discuter et lire des versets coraniques. L'association, grâce à ses cadres, tente de collaborer avec les services de cancérologie. Elle a déjà fourni des réfrigérateurs, des téléviseurs et des salons pour les services de chirurgie, curiethérapie et radiothérapie. Lors de leurs visites aux malades, la majorité du temps, le petit jeune Mahdjoub de 12 ans, originaire de Djelfa, un cancéreux ayant perdu la vue, accompagne à chaque fois les membres de l'association dans ses visites aux malades. Il les encourage, selon Kamel Ben Saïbi, vice-président de l'association, et les incite à croire en Dieu qui a le pouvoir de la guérison. «C'est une vraie référence de la patience. Il fera sa quatrième intervention et il est très courageux», nous dira M. Ben Saïbi. Le Dr Moussaoui, président de l'association, nous déclare : «le pronostic de guérison du cancer chez l'enfant se situe entre 50 et 60%», et d'ajouter que son association projette d'ouvrir à la prochaine rentrée, des classes de soutien scolaire aux enfants cancéreux si les services concernés nous y autorisent, et un minicybercafé à la salle de détente et de jeux de l'hôpital Benboulaïd qui sera réaménagée.