Société n Les puits traditionnels foncés un peu partout à travers la wilaya ne cessent de constituer une menace pour les vies et les équilibres écologiques des oasis de cette partie septentrionale du Sahara. L'usage le plus fréquent de ces forages est l'agriculture même si ces puits peuvent servir de sources d'eau potable pour plusieurs ménages. Artisan foreur de puits d'eau, M. Bouabid affirme qu'un puits traditionnel est d'un diamètre souvent un peu inférieur à deux mètres, mais sa profondeur varie en moyenne entre cinq et dix mètres et il arrive qu'elle atteigne les vingt mètres si le niveau de l'eau est profond. Outre les bêtes qui y trouvent la mort, ces puits tuent également les humains qui, par malheur, y glissent à défaut de clôture à même de parer aux chutes accidentelles qui ne sont pas rares, notamment la nuit en l'absence d'éclairage. Ces puits sont d'autant plus dangereux lorsqu'ils tarissent et sont abandonnés tels qu'ils sont, sans la moindre précaution prévenant les risques encourus par les éventuels passants. Source d'espoir pour leurs propriétaires à leur réception, ces forages sont devenus, au cours des trois dernières décennies, source de malheur et d'affliction pour des dizaines de familles biskries, dont celle des Ferdjallah de Tolga qui ont perdu en même temps trois des siens noyés dans un puits et celle de Hachani de Foughala endeuillée par la mort de son fils à la fleur de l'âge. A Sehira, il y a peu, un chef de famille a laissé sa vie dans un forage de ce type. Mais l'incident le plus dramatique reste celui qui a été enregistré au cours du mois de juin dernier à Lioua où sept personnes sont mortes dans un puits. Selon le responsable de la communication à la direction de la protection civile, les incidents de ce genre se comptent par dizaines chaque année et les secouristes trouvent d'énormes difficultés à sauver les victimes des chutes en raison de l'étroitesse des puits et des gaz toxiques s'accumulant dans leur fond. Rescapé miraculeux d'une chute au fond d'un puits d'eau, B. Abdelkarim âgé de 40 ans, se souvient avoir été pris d'un étourdissement dû à l'inhalation de gaz et affirme n'avoir été sauvé que par ses cris heureusement entendus par son ami qui n'était pas très loin.