Résumé de la 2e partie n L'histoire inventée par Demangeon s'avère véridique… La chevalière atteste que l'histoire s'est réellement produite. Mais la chevalière trouvée par les deux chercheurs d'or que vous avez interviewés. Vous n'êtes pas réveillé, mon petit. La chevalière du squelette. — Le shérif avait la chevalière du squelette. ?a alors ! Mais comment est-ce possible ? — Qu'est-ce que vous me racontez, «comment est-ce possible» ? Ne me dites pas que vous avez oublié votre propre article... — Eh bien, patron, c'est que... Demangeon sent qu'il a la tête en feu, ouvre déjà la bouche pour tout avouer au père Raguet. Pour lui dire : «Mais tout ça c'est du bidon. Je n'ai rencontré aucun chercheur d'or. Il n'y a pas de squelette, pas de chevalière, pas de filon aurifère. J'ai tout inventé pour vous fournir vos futures cent lignes de copie sensationnelle.» Mais, l'instinct de survie professionnelle fait que Demangeon ne dit rien. D'ailleurs, à quoi bon faire des aveux puisque, de toute évidence, «la réalité rattrape la fiction»... — C'est drôlement intéressant, patron. Et cette chevalière, vous aIlez la faire voir à Mlle de... comment s'appelle-t-elle ? — Mlle de Ferrière. Nous l'attendons. Elle nous en avait donné une description précise dès le début. Il n'y a pas de doute, la chevalière remise au shérif de Whitehorse est bien celle de Thibault de Ferrière. Le blason est bien tel que sa sœur nous l'avait décrit. Dès qu'elle a su que nous avions des nouvelles de Whitehorse, elle nous a dit qu'elle sautait dans le train pour venir nous voir. Je vous tiens au courant. Enfin, mon petit Demangeon, je vous félicite encore pour votre interview. C'est devenu une sorte de feuilleton qui passionne les lecteurs. Nous recevons un courrier formidable... Et vous avez vu que cette histoire est passée en première page des derniers numéros. Mlle de Ferrière, dès qu'elle a en main l'image de la chevalière transmise par bélino, ne peut retenir ses larmes : — Mon pauvre Thibault, il n'y a pas de doute, c'est sa chevalière. C'est bien lui. Mais, après tout, votre frère aurait pu s'en séparer, la vendre, se la faire voler. — Jamais de la vie. D'ailleurs, tenez, je porte moi aussi les armes de la famille sur ma chevalière. Vous voyez, le blason est le même. Le shérif de Whitehorse vous a-t-il donné d'autres détails ? — Eh bien, il nous a communiqué les noms des deux jeunes chercheurs d'or qui ont découvert les restes de votre frère. D'ailleurs, ils sont retournés là-bas et ils ont repris l'exploitation du filon. Le shérif nous a indiqué qu'ils possèdent encore une partie de l'équipement de votre malheureux frère. Si vous pouvez vous rendre sur place, vous pourriez peut-être reconnaître quelques objets personnels. Mlle de Ferrière hésite un peu et déclare : — Il est de mon devoir de me rendre à Whitehorse. Je veux m'incliner sur la tombe de mon pauvre Thibault. Et puis, j'aimerais connaître les deux jeunes gens qui m'ont permis de mettre fin à cette attente angoissante... Mlle de Ferrière a aussi une petite idée derrière la tête. Mais elle n'éprouve pas le besoin, pour l'instant, d'en faire part aux journalistes. Quelques mois plus tard, Didier Demangeon, de plus en plus perplexe, reçoit un nouveau coup de fil du père Raguet qui lui annonce : Vous savez, Mlle de Ferrière... La sœur du squelette. Eh bien, elle s'est rendue au Yukon. Vous parlez d'une expédition pour une vieille fille. Et là-bas elle est allée jusqu'à Whitehorse. Elle a reconnu les objets personnels de son frère. Et elle a rencontré vos deux «chercheurs d'or». Elle a pris un avocat. Et elle a signé un con¦rat. Les deux garçons qui sont désormais propriétaires du filon ont consenti à lui céder pour les cinquante ans à venir un tiers de tout ce qu'ils sortiront du «placer» découvert par son frère. Didier Demangeon, aujourd'hui encore, se demande comment il a pu «inventer» une histoire vraie. A moins que l'esprit du défunt Thibault de Ferrière ne lui ait tout soufflé.