Résumé de la 1re partie n Tout le monde croyait qu'il était venu pour Béatrice. En réalité, s'il est retourné en Angleterre, c'est uniquement pour récupérer son chien. Celle qui vient de pousser ce cri en lisant son journal, c'est, dans le petit village bavarois de Kaiserlich, une certaine Wilhelmina Jungfrau, veuve de guerre et bien seule depuis la fin des hostilités. Frau Jungfrau se précipite chez une voisine, le journal à la main : — Regardez, Frau Müller, Ulrich est retrouvé ! Mon Ulrich ! Il y a sa photographie dans le journal. Je n'arrive pas à y croire. Pourtant, c'est bien lui. — Ma pauvre Wilhelmina, c'est incroyable. Comment est-ce possible ? Ulrich, alors il est Américain maintenant. Qu'est-ce qu'on vous a dit en 1944 ? — J'avais reçu un avis officiel de la Wehrmacht. Il me disait qu'Ulrich avait disparu pendant l'offensive de Von Rundstedt dans les Ardennes. Et un de ses camarades avait précisé qu'il était enterré quelque part en Belgique. Mais je n'ai jamais reçu ses objets personnels : ni montre ni plaque d'identité. Rien. Alors j'ai continué à espérer qu'il s'agissait d'une erreur. Mais je n'ai plus eu aucune nouvelle. Ni confirmation ni démenti. Et le voilà qui réapparaît, en Amérique. Je n'y comprends rien. Il a un peu changé mais c'est normal : maintenant, il mange sans doute à sa faim... Regardez : c'est bien lui. C'est quand même curieux, il a un chien qui s'appelle Dickie. Regardez, Frau Müller, ce chien ne vous rappelle rien ? Frau Müller examine la photo de près : — Oui, vous avez raison. Ce chien, on dirait le petit Shubish, le chien que votre fils avait avant la guerre. Mais ce n'est pas possible. Votre petit chien, Shubish, est mort depuis longtemps. Je me souviens que vous l'avez enterré au fond du jardin et qu'on avait mis des fleurs sur sa tombe. Dites donc, Frau Jungfrau, le chien, c'est un détail : il a peut-être repris exactement le même... Mais à propos d'Ulrich, qu'est-ce que vous comptez faire, maintenant ? — Je vais me rendre au siège de la Croix-Rouge à Munich. Je leur montrerai toutes les photos d'Ulrich. Et aussi tous les papiers de famille. Enfin, ceux que j'ai pu sauver des bombardements... Et je vais leur demander d'entrer en contact avec mon fils. Je me demande comment il a pu arriver si loin. Quand même, c'est égal, vous avouerez qu'il aurait pu me donner de ses nouvelles depuis toutes ces années. Il m'a laissée complètement dans l'ignorance. Il devait pourtant bien se dire que j'étais folle de douleur. Je ne sais même pas s'il sait que Helmut, son pauvre père, a été tué... Les responsables de la Croix-Rouge de Munich, contrairement à leur habitude, sont terriblement impressionnés par les photographies et les papiers que détient Frau Jungfrau. Ils comparent longuement la photo d'Ulrich Jungfrau numéro 1, l'Allemand, avec celle d'Ulrich Jungfrau numéro 2, l'Américain. Frau Jungfrau précise : Mon fils Ulrich est né le 30 avril 1920, à Kaiserlich. Je suis certaine que vous pourrez vérifier que l'Américain est, lui aussi, né à cette date-là. S'il n'a pas jugé bon de changer de nom, il n'a certainement pas changé sa date de naissance. Le responsable de la Croix-Rouge qui a reçu la pauvre Allemande prend des notes, examine les photos qu'elle a apportées avec elle, et admet : — C'est hallucinant, il n'y a pas de doute, c'est absolument lui : la même forme d'arcades sourcilières, la même bouche et la même fossette au menton. Nous allons contacter immédiatement l'ambassade de la RFA à Londres. En principe, si votre fils n'est plus à Lambethston, nous pouvons le contacter par l'US Air Force (à suivre...)