A chaque début de saison, les responsables de notre football, y compris les présidents de clubs, affichent leurs objectifs et les ambitions d'un football poussif et englué dans ses éternels problèmes. L'opinion et bon nombre de confrères tombent naïvement dans le panneau et claironnent que ça y est : la saison qui démarre est celle de la renaissance du football algérien et son retour sur la scène continentale (d'abord). Surtout lorsque la sélection réalise quelques bons résultats (la sortie de Sousse durant la CAN-2004 ou le début des éliminatoires de la CAN-2008), mais qui sont vite balayés par des revers (le Gabon et le Nigeria en 2005 et tout récemment la Guinée) qui illustrent au grand jour les insuffisances et les faiblesses de notre football. Un sport dit roi pris en otage par le pouvoir de l'argent et la pensée doctrinale d'un système qui n'a de place ni pour la formation, ni pour le travail de base, ni pour un développement réel basé sur les concepts scientifiques et méthodologiques qu'exige la discipline de nos jours. Entrisme, trabendisme, arrivisme, corruption, clochardisation, absence d'investissement, manque d'infrastructures de base (les terrains d'entraînement en gazon naturel) sont autant de maux récurrents qui freinent le développement de la discipline football et l'empêchent de s'illustrer sur le plan international où les progrès des autres nations est des plus fulgurants. Voyez l'Irak, un pays qui vit le chaos tous les jours et s'enlise dans une crise confessionnelle sans fin, qui vit une guerre aveugle, la famine, les privations à tous les niveaux, mais dont la sélection a trouvé les ressources nécessaires pour se mettre en valeur et décrocher haut la main le trophée asiatique sans pleurnicher ni s'apitoyer sur son vécu meurtri. Travailler, travailler et travailler, c'est la seule façon pour les Irakiens d'oublier, mais aussi de survivre et de s'affirmer. Lorsque l'Algérie souffrait la guerre, son football, représenté par la glorieuse équipe du FLN, donnait des leçons et portait haut son flambeau. Lorsque l'Algérie, sous l'impulsion d'un choix socialiste travaillait et ouvrait ses portes aux cadres venus d'Europe, notamment du bloc Est, cela a généré les grandes épopées des jeux Méditerranéens de 1975, des jeux Africains de 1978, des jeux méditerranéens de Split de 1979, des JO de Moscou de 1980, de la Coupe du monde en Espagne et au Mexique (1982 et 1986), les CAN de 1982, 1984, 1988 et la victoire de 1990. Réaction au ralenti de l'Etat l L'Etat, à travers tous les projets inscrits depuis plus d'une décennie, comme ce Centre des équipes nationales de Sidi Moussa, semble réagir au ralenti et ne pas se soucier de la refondation et la réelle relance de la discipline. La fédération dit manquer d'argent, s'intéresse à son look et ses hommes s'excitent au fait de figurer parmi les instances africaine et internationale, au moment où les clubs continuent à surfer sur les vagues de l'amateurisme, le bricolage et à un argent des sponsors qui profitent beaucoup plus aux «vedettes locales» et leurs «vendeurs» qu'au football lui-même. C'est la triste réalité. La crise perdure depuis deux décennies l Depuis, c'est le désert et le désespoir. En se désengageant de la chose footballistique en 1989, l'Etat algérien a laissé le soin aux clubs civils de prendre le relais au moment où la fédération s'est enlisée dans une crise sans précédent et qui durera jusqu'en 2001 avec l'élection de Mohamed Raouraoua qui aura réussi à aller au bout de son mandat, ce qui n'était pas le cas de ses prédécesseurs. Evidemment, lors de cette période de crise profonde du football algérien, seule la JSK avait fait exception en offrant au pays cinq titres continentaux (une coupe d'Afrique des champions en 1990, une coupe des coupes en 1995 et trois coupes de la CAF en 2000, 2001 et 2002). Hier, les Canaris, qui avaient su en 2001 damer le pion à cette équipe de l'ES Sahel, ont flanché devant plus fort qu'eux dans tous les compartiments et posent de nouveau le problème de la situation de notre football et ses échecs en série.