Résumé de la 1re partie n Malgré l'opposition du vieux quartier-maître, l'équipage capture un albatros. Ce dernier meurt… Mauvais augure ! Bon, maintenant je ne peux plus rien faire de cet albatros. Il n'y a qu'à rejeter sa carcasse à la mer. Le Goffic, tu veux bien t'en charger ? — Vous auriez pu choisir quelqu'un d'autre, maugrée l'homme. Enfin, plus vite on sera débarrassé de cet oiseau de malheur, mieux on se portera. Et voilà, quelques minutes plus tard, la grande carcasse raidie de l'albatros rejetée à la mer. Tous les marins disponibles regardent le corps sans vie flotter un moment au gré des vagues menaçantes. Quelques-uns font encore le signe de croix, à tout hasard. Le soir même on n'y pense plus. Enfin presque plus. — Commandant, vite, il y a le quartier-maître Manélec qui n'a pas l'air d'aller bien. — Prévenez le docteur. Qu'est-ce qu'il a exactement ? — Des douleurs dans le ventre. Il transpire et il est d'une drôle de couleur. — Dès qu'on en saura plus, j'essaierai d'alerter la côte par radio. S'il le faut, ils nous enverront un hélicoptère pour le récupérer. Ménigaud, penché sur le pauvre Manélec, se sent bien incapable de diagnostiquer une quelconque maladie classique. — Vous avez peut-être attrapé un virus. Vous étiez où avant de naviguer avec nous ? — J'ai fait le tour du monde avec un céréalier. L'Afrique, l'Australie, le Canada, l'Amérique du Sud. Oh ! que j'ai mal. Vite, docteur, faites-moi une piqûre, j'ai trop mal. Malgré la piqûre administrée par Ménigaud, avant qu'un hélicoptère ait pu être envoyé, Manélec expire. — Je suis certain que c'est la malédiction de l'albatros, remarque un des marins. — Allons, Chatrier, on est au XXe siècle ! C'est de la superstition pure et simple. Superstition ou pas, Manélec est bien mort et très rapidement on procède à l'inhumation en mer. Simple cérémonie présidée par l'aumônier du bord. Le corps enveloppé d'un linceul glisse et va se perdre dans les abîmes sans fond d'une mer glacée... Le bateau cependant continue sa mission. On est là pour ça. Tous les jours, des relevés, des observations météorologiques, des prélèvements de glace. Même les poissons pêchés pour les repas sont examinés attentivement. — Commandant, le petit Verdier vient de tomber du haut du mât. — Il y a du dégât ? — Oui, au niveau des jambes et du bassin. Il ne peut plus remuer. C'est qu'il a bien dégringolé de dix mètres. — Prévenez le docteur mais ne touchez pas Verdier avant qu'il soit arrivé. Une fausse manœuvre et on peut condamner le pauvre gars à la chaise roulante pour le restant de ses jours. Heureusement, Verdier est traité avec compétence. Pour lui, désormais, le reste de l'expédition se passera sur une couchette de l'infirmerie. Et dès qu'on touchera terre, il lui faudra passer quelques semaines à l'hôpital avant le rapatriement par avion jusqu'à Brest. Une nouvelle fois, les vieux loups de mer évoquent ce maudit albatros : — Quelle idée d'aller capturer cet animal du diable ! Comme si on ne pouvait pas le laisser libre et lui foutre la paix ! — Chez nous, on dit que chaque albatros est l'âme d'un marin mort en mer. C'est pour ça qu'il ne faut absolument pas en avoir un à bord : c'est la guigne assurée. Après trois jours de navigation sans histoire, le commandant a de nouveau du pain sur la planche. Il entend une explosion sourde qui provient des fins fonds du navire : — Qu'est-ce qui se passe en bas ? Pourquoi stoppe-t-on d'un seul coup ? Depuis la salle des machines, le responsable lui répond : — Une des chaudières vient d'exploser ! — C'est grave ? — Plutôt, ça risque de nous immobiliser au moins trois jours. En pleine mer ! C'est un coup à nous faire écraser par les glaces comme une coque de noix. Est-ce que quelqu'un a été blessé ? — Ledivelec a le bras salement brûlé. (à suivre...)