Résumé de la 2e partie n Les catastrophes à répétition poussent les marins à dire que la malédiction de l'albatros s'abat sur eux. Et voilà le médecin-chef Ménigaud encore obligé d'affronter de nouveaux problèmes. Malgré sa douleur, Ledivelec ne mâche pas ses mots : — Excusez-moi, mais tout ça est votre faute. — Ma faute ? Mais ce n'est tout de même pas moi qui ai fait exploser la chaudière. Enfin : ta vie n'est pas en danger. A ton âge, on récupère. L'autre suit son idée : — En tout cas, si vous n'avez pas eu cette foutue idée d'attraper un albatros... Avez-vous remarqué que tous nos problèmes ont commencé quand on a rejeté sa carcasse à la mer ? Si encore il était resté vivant. Mais tuer un aIbatros, pour un marin, c'est exactement comme s'il se tirait une balle dans la tête. — Allons, un peu de calme. C'est simplement une mauvaise passe. Jamais deux sans trois. Dorénavant, tout va aller bien. Je vais te donner un calmant pour dormir... sans rêver d'albatros. Quelques jours plus tard, le commandant décide de faire escale à Egedesminde, un petit port de la côte occidentale du Groenland. Tout l'équipage est heureux de mettre pied à terre, de pouvoir communiquer avec la France. Et tous, sans le dire, espèrent que cette escale va interrompre le mauvais sort qui semble collé au navire depuis l'incident de l'albatros. Le commandant Lameyrie, malheureusement, a la désagréable surprise d'apprendre que, là-bas, en France, son épouse vient de perdre le bébé qu'elle portait depuis cinq mois... Lui aussi commence à se laisser impressionner par les superstitions des vieux marins. Hélas ! la série des malheurs n'est pas close : au troisième jour de l'escale groenIandaise, alors que le navire est tranquillement accosté, un incendie éclate dans la cale. Tout l'équipage arrive au triple galop pour sauver ce qui peut l'être : — C'est invraisemblable. Qu'est-ce qui a pu se passer ? Tout était en ordre. Les chaudières éteintes ! Eteintes ou pas, le feu fait rage à l'intérieur du navire. Malgré tous les moyens mis en œuvre pour lutter contre le sinistre, les dégâts sont considérables. Le commandant Lameyrie ne sait plus trop que penser : — Nous voilà coincés ici pour des semaines. Jamais je n'ai connu de campagne aussi malchanceuse. Pourtant, le pire reste encore à venir : alors que les travaux indispensables ont commencé depuis deux semaines, une tempête se déchaîne et le port disparaît sous un déluge de neige, de glace propulsées par des vents qui dépassent les cent kilomètres heure. Toute l'activité du port est paralysée et chaque être humain reste calfeutré dans les constructions basses recouvertes de glace. Des messages radio inquiétants parviennent d'un chalutier danois, le «Christiansen», qui a été mis à mal par la tempête, et qui cherche à gagner le port. Le capitaine espère tout de même arriver par ses propres moyens. La capitainerie est en contact permanent avec lui. Soudain, les événements se gâtent : — Nos machines sont bloquées. Nous dérivons. Nous ne contrôlons plus rien. Déjà le navire danois est visible depuis la terre. On donne des ordres pour qu'un bateau des gardes-côtes essaye de le prendre en remorque. Et l'amène à bon port. Malheureusement, les dieux sont contre l'entreprise. A moins que l'âme d'un albatros mort n'intervienne. Le «Christiansen», bien que le remorqueur soit parvenu à lui jeter un filin, est soudain soulevé par une lame de fond d'une violence extrême. Sous le choc de la lame et des multiples icebergs qu'elle porte, il rompit l'amarre qui était tendue entre le remorqueur et lui. La masse énorme du navire danois, telle une balle de fronde de plusieurs centaines de tonnes, pénètre d'un seuI coup dans le petit port et va s'écraser contre la coque du «Santos» qui coule immédiatement dans un glouglou sinistre. A sa place, inexplicablement, on retrouve, flottant sur l'eau... la carcasse d'un albatros mort.