Résumé de la 3e partie n Le Diamant bleu a été taillé plusieurs fois par des diamantaires. Ses fragments ont été baptisés sous d'autres appellations, la malédiction s'est, elle aussi, multipliée... «Vous savez la nouvelle ? Ce pauvre Colot est devenu complètement fou. Il vient de se suicider hier soir !» Ceux qui répandent ce triste fait divers ne font peut-être pas le rapprochement entre ce suicide et la malédiction des bouddhistes... «Chère amie, voulez-vous me permettre de vous offrir ce petit témoignage de reconnaissance et d'admiration pour votre beauté ?» Cette fois-ci, ce n'est plus Louis XIV qui parle à la Montespan. Les temps ont changé. Le généreux donateur est le prince Kanisowski, qui vient d'hériter de cette merveille. Et celle à qui il l'offre, dans un joli mouvement de galanterie, est célèbre. En tout cas à l'époque : c'est une danseuse des Folies-Bergère, Loréna Ladué. Elle est folle de joie : «Grand fou ! Vous me surprendrez toujours ! Dites-donc, votre diamant, ce n'est pas de la roupie de sansonnet !» Le prince explique complaisamment le pedigree de son cadeau. En omettant, par ignorance ou par délicatesse, de parIer de la malédiction... Mais personne n'échappe au destin, et trois semaines après lui avoir offert le bijou merveilleux, le prince poignarde la pauvre Loréna. Affaire qui fait scandale. Il reprend le diamant et, en 1910, subit à son tour la malédiction comme en font foi les gros titres des journaux. «Attentat terroriste : Son Altesse le Prince Kanisowski assassiné en pleine rue par des opposants au régime.» Mais les diamants sont éternels, c'est bien connu, et pratiquement indestructibles. C'est pourquoi le Hope échoit à un certain M. Montharidès, un Brésilien, comme son nom ne l'indique pas. Hélas ! ce nouveau propriétaire se tue dans un accident d'automobile en compagnie de son épouse. Un prince Poniatowski en est un moment propriétaire : il s'en défait avant de s'en mordre les doigts. Puis on retrouve le Hope entre les mains du cruel sultan turc Abdul-Hamid. Quelques semaines plus tard, celui-ci est déposé par le mouvement contestataire des «Jeunes Turcs», mené par Kemal Ataturk. C'est un commerçant de Trébizonde qui en devient le nouveau propriétaire, avant de périr noyé. Mais ne nous égarons pas dans la légende, aussi croustillante soit-elle. Nous sommes en 1911 : le diamant repart vers le nouveau continent et c'est le directeur du Washington Post, M. MacLean, qui entre en possession de la pierre qu'on peut, avouons-le, appeler «maudite». La preuve en est que le fils unique de MacLean, qui en hérite, est tué par une voiture. Nous ne sommes encore qu'en 1919, c'est dire le nombre de catastrophes et de tragédies qui se sont succédé depuis 1894, année de la nouvelle série de «malédictions». Mais après tout, quoi de plus normal que, de temps en temps, dans les familles de milliardaires, un accident de voiture ne vienne endeuiller la société ? Diamant bleu ou pas... Mrs MacLean garde pourtant le bijou, mais désormais elle évite de le porter. A sa mort, en 1949, le diamant est vendu au joaillier Henry Winston qui, presque dix ans plus tard, fera don au Smithsonian Institution de Washington du diamant Hope, aussi appelé «Pierre du destin». En 1962, le conservateur en chef du Louvre organise l'exposition intitulée Dix siècles de joaillerie française. On espère y voir le diamant Hope, ex-«Diamant bleu», mais le Smithsonian Institution renâcIe. Il faut, pour débloquer la situation, obtenir l'appui du Président Kennedy en personne. L'année suivante, celui-ci est assassiné à Dallas. On se sent des frissons dans le dos, quand on y pense. Voilà une belle suite de malheurs. Si non è vero...