Nouveauté «Discrimination positive», c?est un concept qui vient d?Amérique et qui était, jusque-là, très peu répandu en Europe, car ne suscitant pas un engouement particulier des politiques. Aujourd?hui, il est introduit dans le lexique politique français et se retrouve, peut-être pour longtemps, au centre du débat animé par la classe politique de l?Hexagone. A son corps défendant, Zineddine Zidane aura été un argument-clé utilisé par Nicolas Sarkozy pour étayer sa thèse de la nécessité de recourir enfin à ce concept pour l?intégration de la communauté musulmane. «Zinedine Zidane et le football, c'est formidable, mais ça ne suffit pas. Les musulmans de France sont capables aussi d'avoir de hauts fonctionnaires, des chercheurs, des médecins, des professeurs», a-t-il déclaré au cours de l?émission-phare de France 2 «100 minutes pour convaincre» diffusée jeudi soir. Faisant le constat de l?échec de la politique française d?intégration avec tout ce que cet échec a entraîné comme répercussions négatives dans la société française, le n°2 du gouvernement Raffarin va plus loin en annonçant la nomination dans les «semaines ou les mois à venir d?un musulman à un poste de haut fonctionnaire, probablement un préfet.» En effet, Sarkozy a rappelé qu?au lendemain de l?indépendance de l?Algérie, dans les années 1960, il y a eu en France jusqu?à quatre préfets musulmans et a exprimé ses regrets que cela ne soit plus le cas depuis longtemps. L?annonce de cette éventuelle nomination n?a pas tardé à déclencher des réactions critiques notamment du Parti socialiste qui souligne que c'est une mesure dangereuse qui pousse à un «communautarisme à la française», ainsi que de l'hebdomadaire le Nouvel Observateur qui a estimé que c'est une confusion des genres, les hauts fonctionnaires devant être choisis en fonction de leurs compétences et non de leur confession. Le journal, qui s'en prend aux intentions de M. Sarkozy, qui veut imiter les Etats-Unis en la matière, souligne que la «discrimination positive et volontaire» a été un échec aux Etats-Unis et qu'en France tous les citoyens sont censés être égaux devant la loi avec des chances égales de réussite. Sarkozy, lui, semble déterminé à faire de cette nouvelle politique son cheval de bataille dans la future campagne électorale pour la présidentielle 2007 pour laquelle il n?a jamais caché ses ambitions. Les 4 ou 5 millions de musulmans de France constituent un électorat de choix pour Sarkozy dont la référence d?emblée à Zidane, coqueluche de toute la communauté, n?est pas, on s?en doute, fortuite.