Dilemme n Prise en étau entre la cherté du prêt-à-porter et les exigences de ses trois enfants, Ghania se livre à une gymnastique cérébrale à même de bugger le plus puissant des ordinateurs. Une vraie partie d'échecs est engagée. Répartition, stratégie et baratin sont de mise. Des cheveux recouverts d'un voile blanc dont l'une des extrémités tombe en pointe sur une longue et ample robe beige présentant à différents endroits des plaques assombries par une activité très intense des glandes sudoripares, Ghania, en véritable fourmi ouvrière, s'active à faire le tour des magasins et échoppes en cette veille de rentrée scolaire. La quadragénaire a trois enfants. Tous scolarisés. La première, Ilham, 14 ans, est inscrite au collège (CEM) en 8e année. Les deux autres Sabrina et Lamine sont encore à l'école primaire. Telle une mère oie, Ghania ouvre la marche suivie par ses 3 «oisons», les deux petits agrippés à sa robe, l'adolescente snobinarde suivant de loin gênée par les pleurs incessants et les chamailleries de son frère et sa sœur et les cris de sa mère. «Cela fait une dizaine de jours que je cours les magasins à la recherche de quoi habiller mes enfants pour la rentrée. A chaque fois que les voisines et amies me parlent d'un endroit où l'on vend des habits pas trop chers, je cours voir.» Ecumant les marchés et les rues commerçantes de l'Algérois, Ghania n'a toujours pas trouvé de quoi satisfaire ses rejetons. Avec un budget de 10 000 DA pour vêtir de la tête aux pieds ses trois enfants, et leurs acheter l'essentiel des articles scolaires, les choses ne sont pas simples. «C'est surtout Ilham qui me pose problème. A son âge, les jeunes filles sont très exigeantes. Elle ne daigne regarder que les produits à la mode. Des jeans, des petits hauts fait avec un tout petit bout de tissu mais qui coûtent les yeux de la tête. Elle veut des chaussures à 4 000 DA sinon elle boude.» Et regardant sa fille aînée qui affiche une attitude de petite peste, elle lui lance : «A ce prix-là, tu peux bouder longtemps, ma fille.» Devant la mauvaise mine de l'adolescente qu'elle n'arrive toujours pas à satisfaire, Ghania décide de s'occuper en premier des deux petits plus dociles et moins exigeants.