Parcours Six semaines de combat, une plate-forme de revendications, durcissement des positions de part et d?autre. Le secteur de l?enseignement secondaire détient aujourd?hui indéniablement la palme du plus long débrayage de toute l?histoire de l?Algérie contemporaine. Il pourrait bien l?être davantage si l?on énumère les périodiques arrêts de travail de la précédente année scolaire et qui ont dû cesser en raison du séisme du 21 mai dernier. Pour cette rentrée, tout a commencé les 13, 14 et 15 septembre dernier. Sous l?égide du Cnapest et du CLA, une grève, suivie à hauteur de 90%, a été constatée à travers toutes les wilayas du pays. A Alger, le premier débrayage sous l?égide du CLA durera trois jours, les 27, 28 et 29 septembre avec un rassemblement devant le ministère de l?Education nationale. La plate-forme de revendications s?articulait autour de cinq axes importants, à savoir l?augmentation de 100% du salaire de base, la dotation des professeurs du secondaire et du technique d?un statut spécial. Le troisième axe consistait à revoir à la baisse l?âge de la retraite. Sous la houlette de Osmane Redouane, porte-parole du CLA, les enseignants se sont dit déterminés plus que jamais à imposer leurs exigences jusqu?à la satisfaction complète de leurs revendications. A ce moment précis, Boubekeur Benbouzid signale aux grévistes que leur mouvement «est illégal». Pis encore, M. Djebbar, sécrétaire général de la Fnte, affiliée à l?Ugta, a qualifié «ceux qui font la grève de preneurs d?otages qui ne réagissent pas au moment opportun». «La loi sera appliquée dans toute sa rigueur», avertissait, le 5 octobre dernier, le ministre. Des mesures de rétorsion contre les enseignants sont vite prises. Plusieurs profs sont arrêtés et même expulsés de leur lycée. Mais la tutelle préfère négocier le volet socioprofessionnel avec un interlocuteur jusque-là absent de la scène, la Fnte en l?occurrence. M. Meriane, porte-parole du Cnapest, a estimé, le 29 septembre dernier, que le mouvement de grève va en se durcissant et tiré à boulets rouges sur les pouvoirs publics qui, selon lui, «refusent de négocier avec des parties clandestines». Une journée auparavant, Tayeb Louh, ministre du Travail, avançait que «la grève des enseignants est illégale et c?est donc à la justice de trancher». Une telle déclaration n?a fait qu?envenimer les choses et les positions se sont radicalisées davantage. Après une série de rencontres avec l?ensemble des syndicats agréés du secteur et après avoir écouté les grévistes, le département de Benbouzid a décidé, en accord avec le gouvernement, de procéder à la revalorisation des salaires comme inscrit dans la lettre ouverte du ministre datée du 21 novembre dernier. La cause étant entendue, les pouvoirs publics voulaient contourner, coûte que coûte, le spectre de l?année blanche. Une dépense supplémentaire de 26 milliards de dinars sur le budget de fonctionnement ! Insatisfait, le Cnapest considère ces augmentations comme de la poudre aux yeux et exige d?être reconnu comme un partenaire social à part entière pour toute négociation. A cette revendication, la tutelle fait la sourde oreille alors que l?article 56 de la Constitution stipule que «le droit syndical est reconnu à tous les citoyens». C?est dans ce micmac que le Cnapest a décidé d?entamer sa sixième semaine d?arrêt de travail avec beaucoup de suspense en perspective.