Le rouge est la couleur du sang et du feu. Chez les Arabes, comme chez les autres peuples, cette couleur tient une place importante. Le terme usuel pour la désigner est ah'mar, mais on note toute une gamme de termes secondaires : h'ibr (qui désigne également l'encre), dhiryâb, thaqib, djawn (utilisé également pour le blanc), zabraq, zahir, aslakh, s'ubah'i, as'h'ar, s'amârî, ad'radj, ‘âniq, fadin, fadn, fîrâs, qirmizî pour le rouge cramoisi, amâr, mati'ê etc. Signalons que l'un des anciens noms du rouge est adâm, que l'on retrouve aussi dans les autres langues sémitiques : ce mot a fourni le nom du premier être humain, Adam, par référence à la couleur rouge de la terre de laquelle il a été tiré (cf. l'expression : adâm al ard «limon de la terre». Comme dans les autres cultures, le rouge représente dans la tradition musulmane la force et la vitalité. Cependant, cette valeur n'est pas constante et dépend, en fait, de l'éclat du rouge. Ainsi, le rouge terne peut représenter, non pas la force et l'énergie, mais la faiblesse et la lâcheté. C'est à l'image du corps anémié qui manque de sang et qui, au lieu d'être coloré, est pâle. A l'inverse, le rouge foncé et éclatant est la couleur de la royauté et du pouvoir. A certaines époques, comme sous les abbassides, le calife et les gens de couleur arboraient des vêtements rouges richement décorés. De nombreuses expressions sont employées avec l'adjectif «rouge». Ainsi, une mort rouge est une mort par effusion de sang, une année rouge est une année de malheurs, etc.