Opportunisme n Sans aucune qualification et avec un savoir-faire plus que douteux, ces commerçants s'improvisent cuisiniers, pâtissiers …Ignorant tout des rudiments de la profession, et par là le b.a.-ba de toutes conditions d'hygiène, ils représentent un réel danger pour la santé du citoyen. Adeptes d'une vision qui a fini par avoir droit de cité dans notre société et qui veut que l'opportunisme, la débrouille, la ruse et l'aptitude à la reconversion soient les clés de la réussite dans le monde des affaires, nos commerçants sont passés maîtres dans le changement éclair et momentané d'activité, ces dernières années. Toutes les occasions sont bonnes. A l'avènement de chaque fête religieuse : Aïd, Mouloud, rentrée scolaire ou ramadan les boutiquiers changent d'activité. Il s'agit de ne pas rater l'occasion. Quitte à passer de mécanicien à vendeur de jouets, de pétards, puis de rémouleur (aiguiseur de couteaux qui serviront à égorger les moutons de l'aïd) à commerçant d'articles scolaires puis à celui de pâtisseries orientales z'labia, kalb el louz, ktayef …, rien n'effraie nos commerçants. Tels des troubadours, ils jonglent avec les activités comme de véritables surdoués ambidextres. Cet état de fait est d'autant plus remarquable pendant le ramadan. Durant les 29 ou 30 jours que compte cet mois, les rues, ruelles, cités et tout lieu de passage sont squattés par des vendeurs occasionnels. Des étals sont improvisés çà et là. Et une véritable ambiance de «souk» digne du film de Jacques Becker retraçant l'histoire d'Ali Baba et les quarante voleurs anime les villes algériennes. Tout ce qui se rapporte à la table de ramadan y est vendu. Cela va des fruits et légumes, aux viennoiseries, à la vaisselle… Il y a même des jeunes qui apportent du pain dans de grands bacs et qui arrivent à le vendre. Dans cette grande ambiance de bazar improvisé, même les commerçants qui ont une boutique richement garnie durant toute l'année, sans aucun scrupule, ignorent carrément ce qui est mentionné sur leurs registres du commerce pour s'adonner à une activité qui connaît un boum extraordinaire pendant le mois sacré : vendeur de pâtisseries et de sucreries orientales. Sans aucune qualification et avec un savoir-faire plus que douteux, ces commerçants s'improvisent cuisiniers, pâtissiers… Ignorant les rudiments de la profession, et par là le b.a.-ba de toutes les conditions d'hygiène, ils représentent un réel danger pour la santé du citoyen. Cette année, cependant, les choses semblent être différentes. Le phénomène n'a pas seulement reculé, mais il est pratiquement inexistant. Alors, serait-ce une prise de conscience collective qui a mis fin à cette pratique ? Est-ce l'action des pouvoirs publics ? Qu'y a-t-il derrière cet état de chose ?