Affirmation n «L'Algérie s'est installée dans une situation de pauvreté salariale», a indiqué, d'emblée, l'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. «Cette pauvreté salariale est un fait», a-t-il insisté. Selon lui, cette situation est due en premier lieu aux changements intervenus au sein de notre société. «Les Algériens de 2007 n'ont rien à voir avec ceux des années 1990 ou 1970, les modèles de consommation ont complètement changé», a-t-il affirmé à ce propos. Viennent ensuite la faiblesse des entreprises nationales et la dépendance de l'économie nationale des importations. Dans ce sens, il a fait remarquer que l'économie nationale «est entrée en zone de turbulences dans ses rapports avec l'économie mondiale». «C'est pourquoi il faudra s'attendre à beaucoup plus de pénuries et à une inflation autrement plus importante à l'avenir si nous restons dépendants de l'économie mondiale», a-t-il enchaîné. De son avis, le pouvoir d'achat de l'Algérien se jouera dans les années à venir sur «la facilité ou la difficulté d'accès au logement». A ce propos, il a souligné qu'une partie importante du budget familial sera consacré, dans la prochaine décennie, au logement. Cela dit, M. Benachenhou n'a pas manqué d'émettre un certain nombre de propositions à même de nous éviter le pire à l'avenir. Précisant qu'il n'a pas dit qu'on «sortirait de cette pauvreté salariale en augmentant les salaires», il a suggéré de «mieux comprendre ce qui se passe sur le marché mondial», libérer «l'offre interne qui fait face à de nombreuses contraintes, dont la bureaucratie notamment», mettre en place «une véritable politique de concurrence». De même, il a mis l'accent sur la nécessité de «libérer l'offre du logement», après avoir déploré l'absence de politiques de promotion immobilière et la défaillance des entreprises nationales de construction qui «investissent très peu». Pour lui, «si nous voulons défendre le pouvoir d'achat des citoyens, il faut mettre en place une politique de l'offre, et là, je ne parle que de l'entreprise, l'offre a du mal à décoller malheureusement». Outre la multiplication des pénuries et l'augmentation du taux d'inflation au niveau mondial, l'ancien ministre des Finances s'attend à une hausse des coûts de certains produits et services. Ce qui se répercutera sur le niveau des prix dans notre pays. «L'électricité va coûter de plus en plus cher, le coût d'une centrale électrique pour Sonelgaz a augmenté de 250% ces dernières années», a-t-il déclaré à ce sujet. C'est pourquoi il est nécessaire de penser, d'ores et déjà, à «partager la charge de l'ajustement de l'économie nationale à l'économie mondiale entre l'Etat et le secteur productif national», a-t-il conclu.