Résumé de la 2e partie n Julienne arrive à persuader son mari que le «Madame Mère» qu'elle devait prendre avec ses enfants allait couler. Effectivement, quelques semaines plus tard, Antoine arrive avec des nouvelles : Un avion va décoller pour la Tunisie dans quatre jours pour transporter des officiers et on le complétera avec des civils. Des familles de militaires qui voudraient rejoindre Tunis. Je vous ai fait réserver trois places. Tu es toujours d'accord ? — Mais oui, ça sera mieux pour les enfants... — Pas d'intuition négative, cette fois-ci ? ?a ne te fait pas peur de quitter le plancher des vaches ? — Non, pour l'instant, je me sens calme. Après tout, ce ne sont que quelques heures de vol. Un vol sans escale, je suppose ? — Oui, ma chérie. Cette fois, c'est moi qui flanche un peu. ?a me fait un drôle d'effet de penser que dans huit jours vous allez vous envoler. Je me demande quand nous allons être réunis... Pas de réponse à cette question. Julienne prévient Sébastien et Edouard : — On va monter dans un gros oiseau en fer. Et hop ! On va retrouver tante Yolande et les cousins de Tunis... Le jour du départ, il fait un temps magnifique. Antoine reste un long moment à regarder l'avion qui emporte sa femme et ses fils. Le soleil qui brille, le ciel sans nuages, tout est réuni pour un vol sans histoire. Au moment où l'avion passe au-dessus de la Sardaigne, Julienne est déjà occupée à maîtriser Sébastien. A peine l'avion a-t-il décollé que le gamin a détaché sa ceinture et s'est précipité vers le poste de pilotage en hurlant : — Je veux conduire l'avion ! Je veux conduire l'avion ! Julienne est en train de le rattraper par son pull-over quand l'avion fait une embardée et commence à perdre de l'altitude. Elle n'a pas le temps de dire le moindre mot. Elle va heurter le plafond de l'appareil avec une violence inouïe. Elle n'est pas la seule d'ailleurs. Presque tous les passagers avaient déjà détaché leur ceinture... ?a ne pardonne pas quand un avion tombe dans un trou d'air. L'avion continue sa chute vertigineuse. Julienne, accrochée à Sébastien, se dit : «Eh bien, ça n'était pas la peine d'échapper au naufrage. Maintenant on va s'écraser et là, nous n'avons aucune chance de nous en sortir.» L'avion tombe toujours. Dans la cabine, les deux pilotes n'ont pas la force d'échanger un mot. Ils sont cramponnés aux commandes. Le navigateur lui aussi est muet d'horreur. Le commandant murmure pour lui-même : — Ah ! la vache. Tu vas réagir, espèce de saloperie ? L'appareil apparemment vexé qu'on lui parle ainsi, consent alors enfin à reprendre un vol normal : il était à moins de mille mètres du sol. A I'arrivée en Tunisie tous les passagers doivent être conduits à l'hôpital pour des fractures ou des contusions diverses. Edouard, resté attaché à son siège, est le seul à être indemne. Mais Julienne ne reverra jamais son mari. Antoine, quelques mois plus tard, sera froidement abattu par les troupes allemandes.