Sollicité, le président de la commission des fetwas au niveau du ministère des affaires religieuses, Youcef Belmahdi, a bien voulu développer le point de vue de la religion musulmane sur les jeux de société. Pour lui, «la chari'a islamique considère que le temps est extrêmement précieux pour l'être humain, puisqu'il sera appelé à rendre compte devant Dieu Tout-Puissant de l'usage qu'il fait de chaque instant. Les devoirs du musulman sont si nombreux qu'il ne doit pas perdre une seconde de sa vie». Le cheikh précise toutefois que cela ne veut nullement dire que l'Islam interdit le jeu et la distraction. «L'Islam est la religion du juste milieu. Il incite au labeur qui construit les nations et permet à l'individu de se distraire pour se reposer», dit-il en citant des hadiths du prophète (QSSSL). Le jeu et la distraction ne sont donc pas foncièrement interdits par l'Islam à condition qu'ils ne soient pas en contradiction avec les préceptes de la chari'a, comme c'est le cas des jeux de hasard où des sommes d'argent, parfois faramineuses, sont misées. Concernant, précisément, les jeux qui sont pratiqués dans les cafés durant le ramadan ou même en dehors de cette période comme les cartes et les dominos, M. Belmahdi estime que ces jeux peuvent être considérés comme licites du point de vue de la religion s'ils remplissent deux conditions : d'abord il ne faut pas qu'il y ait un enjeu dans la partie. Les consommations prises par les joueurs au cours de la partie doivent être payées par une tierce personne qui n'a pas participé à la partie. Dans le cas contraire, c'est considéré comme un jeu de hasard, donc illicite. En outre, poursuit notre interlocuteur, la partie de jeu ne doit, en aucun cas, détourner le musulman de l'accomplissement de ses obligations religieuses (comme la prière) et ses devoirs envers sa famille.