Avis n L'institut Paterson a annoncé récemment, qu'une grande partie des réserves de change algérien sont placées sous forme de bons du Trésor sur le marché américain, ce qui n'est pas forcément avantageux pour notre économie, selon certains économistes. Du point de vue, de l'économiste Abderahmane Mebtoul qui s'exprimait ce jeudi, matin, sur les ondes de la Chaîne III, «l'Algérie manque de capacité d'absorption». Les bons du Trésor américains pour une durée déterminée sont à un taux d'intérêt de 5%, «ce qui n'est pas tout à fait désavantageux, sauf qu'avec la dépréciation du dollar, ces six dernières années, de près de 40% par rapport à l'euro, il faudrait voir d'autres alternatives», suggère-t-il. L'expérience de beaucoup de pays pétroliers, à l'image des pays du Golfe est un exemple à suivre, selon lui. Ces derniers ont investi, ces dernières années, massivement dans l'immobilier un peu partout dans le monde. Notre économiste a, toutefois, tenu à faire remarquer que l'Algérie souffre de l'absence de compétences en termes de ressources humaines pour entrer en partenariat dans les bourses qui est l'autre alternative. «Ce sont des mécanismes qui demandent des compétences particulières, d'où la nécessité de mettre en place de nouvelles institutions». Cependant, la relance de la machine économique nationale demeure, insiste M. Mebtoul, le placement le plus sûr de nos réserves qui avoisineront les 100 milliards de dollars vers la fin de l'année en cours. «Ce qui nous renvoie fondamentalement à l'accélération d'une réforme globale et l'importance de l'instauration d'un Etat de droit et une lutte contre la corruption», dit-il. M. Mebtoul propose, dans ce sillage, la création d'un institut de conjoncture indépendant du gouvernement pour suivre tous les cours boursiers, ainsi que nos réserves de change. Cette manne financière constitue, selon lui, «un signe monétaire qui permet de stabiliser le dinar par rapport à l'euro et au dollar, de soutenir le rythme de nos importations pour la croissance et d'éviter l'expérience malheureuse que l'Algérie a vécue en 1994 en recourant au rééchelonnement». Pour appuyer ses dires, M. Mebtoul a tenu à rappeler l'expérience hollandaise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, appelé communément le syndrome hollandais. «C'était un pays qui avait beaucoup d'argent. Mais la corruption généralisée ainsi que la mauvaise gouvernance ont conduit le pays à la faillite.» Enfin, pour notre économiste, il n'y a pas lieu de se réjouir d'avoir cette manne financière, car il ne s'agit guère «d'un signe de développement».